Créer un site internet

Un manoir, une chapelle, une fontaine...

En 1699 souffla un ouragan de nord-nord-ouest. Le cours de l'Horn en fut dévié à son embouchure. Le vent jeta le sable des grèves sur 250 ha de terre labourée. Des hameaux entiers furent surpris. On retrouvera des squelettes humains dont certains en position assise.

L'hiver de 1700 à 1701 fut terrible pour les moulins. Ceux de Kerhoant et du Merrot en sortirent dévastés. On peut penser que celui de Kerautret n'était pas en meilleur état. Les experts qui, sur la seigneurie de Kerhoant, évaluèrent les réparations notèrent : «  que les grandes neiges et pluies de cet hyver et les grosses eaux qui sont survenues dans la rivière sur laquelle sont sittués lesdits moulins (ont) rompu les bans d'eau d'iceux moullins... » Dès cette époque et durant quarante ans, la région va connaître une petite ère glaciaire qui provoque une véritable crise. Gels et dégels perturbent le fonctionnement des usines.

Gravure tirée des Voyages pittoresques dans l'ancienne France représentant l'escalier du manoir de Kerautret. Un portail fortifié et une tour imposante ont résisté longtemps aux démolisseurs...

Chaque 26 juillet, il y avait jadis un pardon à la chapelle Sainte-Anne et nombre de pèlerins passaient devant le manoir de Kerhoant pour emprunter le chemin menant au moulin de Kerautret et de là grimpaient à flanc de coteau. Cette chapelle est attestée en 1462. Elle sera liée à une maison de campagne appartenant au séminaire du Léon.

Le jour du pardon, on prêchait en breton à la grand messe. Après vêpres et procession s'ouvrait la danse. Or, si un noble venait de mourir, ce type de réjouissance était interdit. Si bien qu'en 1558, le chapelain alla jusqu'aux instances royales pour obtenir une dérogation.

La fontaine de la chapelle passait pour guérir miraculeusement les enfants. Longtemps, bien après la disparition de l'oratoire, on  viendra les y plonger par neuf fois.

Dans les années 1750, le moulin de Kerautret est tenu par la famille Combot. Le 8 avril 1747 mourut au moulin François Combot, âgé d'environ 40 ans. Il fut inhumé le lendemain au cimetière Saint-Pierre en présence de Laurent, Yves, Claude et Christophe Combot et plusieurs autres qui ne signent.

La chapellenie de Saint-Anne, dont les bénéfices allaient au séminaire de Léon, fut supprimée en 1791. Mais l'édifice resta debout encore plusieurs années et ouvert au culte.

En l'an II, on trouva au moulin L'Evêque un cadavre « sur la grande barre de bois joignant l'essieu du mouliné de petit moulin. » Il était étendu sur des sacs, le corps brisé de fractures, couvert d'ecchymoses. Jacques Le Déroff reconnut son garçon meunier originaire d'Henvic, Jean Hervet, 28 ans.

En 1804, le recteur de Plougoulm écrit : « Il y a dans cette paroisse deux chapelles dévotes, l'une dédiée à sainte Anne et l'autre, à Prat-Coulm, dédiée à la Vierge qui sont vendues toutes les deux mais les acquéreurs les laissent subsister parce que les offrandes du peuple les entretiennent mais qui ne sont pas utiles à la paroisse, soit pour messe ou instruction des enfants les dimanches comme étant à la proximité de l'église paroissiale. Elle ne servent que pour les processions de saint Marc, des rogations et du Sacre et quelques messes par semaine à la dévotion du peuple. Cependant, on désire qu'elle soient conservées parce qu'elles sont des chapelles très dévotes et très fréquentées, surtout celle de Prat-Coulm dont le Maire est le fabrique... ». Vincent-Marie Riou, le maire en question, appuiera la conservation de Prat-Coulm. Dès lors, Sainte-Anne va tomber en désuétude. Quand la chapelle fut en ruine, ses pierres servirent à la construction d'une ferme voisine et les armes des Nevet, seigneurs de Kerhoant, apparaissent ainsi dans la ferme en question.

Ancien militaire, paralytique, Riou est cultivateur et minotier à Kerellec. Un jour que le maire de Saint-Pol, Michel de Kerhorre, crut spirituel de poster à son homologue un pli officiel à l'adresse suivante « M. Riou, meunier à Plougoulm », il lui fut retourné cet accusé de réception : « M. de Kerhorre, marchand de pommes à Saint-Pol-de-Léon. » Le châtelain de Kerrom faisait vendre en effet ses fruits au marché.

Au cadastre de 1811 apparaît toujours la chapelle Sainte-Anne et une maison voisine. Elle est située entre le manoir du Stang et le moulin l'Evêque. Elle est propriété de Desbordes, de Carantec.Les numéros 616 et 616 représentés en grisé constituent un douet. Entouré d'une futaie, il servait à rouir le lin ou encore laver le linge. Desbodes et Allot, de Morlaix, s'en partagent la propriété. Le reste du plan représente la métairie de Sainte-Anne.

Au cadastre de Plougoulm de 1811, le manoir et la métairie de Kerautret sont propriété de Mme du Vieux-Chatel, de Saint-Malo.

Plusieurs propriétaires se partagent le village de Sainte-Anne avec terres et maison : Desbordes, de Carantec, Mme de Keratry, L. B. de St Pern.

Le moulin Merrot est à cheval sur les deux communes. Sur Plougoulm, ses taillis, pré, jardin, moulin, maison, dépendance et lande sont cadastrées de 71 à 77. Mais il a aussi plusieurs parcelles côté Saint-Pol. Une terre labourable nommée Parc Bian, (n° 116 au cadastre de 1848), une pature, Vilar-Vian (117), un pré, ar Prad-Braz (118).

Le moulin de Kerhoant dispose sur Plougoulm de deux prés appartenant aux héritiers Coatanscour. Ils portent les numéros 64 et 65, section C.

Le moulin du Stang est alors entre les mains d'Alexandre Spagnol, époux d'Anne Keroullé dont le père, Jean, est également meunier au Stang.

(A suivre)

Date de dernière mise à jour : 29/04/2021

Ajouter un commentaire

Anti-spam