Sur dénonciation, le réseau de résistance Centurie de Morlaix a été démantelé par les Allemands en juin 1944. Ses membres, principalement originaires de Saint-Pol-de-Léon, ont été arrêtés et soumis à des tortures intenses, notamment au siège de la Gestapo à Morlaix.
Ils furent ensuite internés à la prison de Pontaniou à Brest. Alors que les Alliés avançaient, un camion les emmena le 6 juillet 1944 au champ tir de la Marine, plateau du Bougain, où ils furent discrètement fusillés. Le sort de ces 18 résistants est resté un mystère pendant de nombreuses années, car ils furent initialement portés disparus ou présumés morts en déportation.
Parmi eux, natif de Lannion, Georges Jean Leclair constitue une curiosité sur le plan historique. Il était en effet membre du Parti national breton né en 1931 d'une scission au sein du mouvement Breizh Atao et dont la majorité des membres s'engagea dans la collaboration. Au sein de ce parti minoritaire, deux lignes s'opposèrent durant l'Occupation : les germanophiles, courant dominant et les anglophiles. Responsable du PNB dans l'arrondissement de Morlaix, Le Dr Leclair était l'un des ténors de cette dernière tendance, ce qui lui aurait valu d'être un temps déporté en Allemagne sur dénonciation. Le fait qu'il ait été fusillé commerésistant du réseau Centurie en fait une des rares exceptions parmi les indépendantistes bretons
Marié, le Dr Leclair n'a pas eu de descendants. On a quelques bribes de sa carrière professionnelle. Il ouvrit son cabinet à Saint-Pol le 12 juin 1930 au 22, rue du Pont-Neuf, aussitôt, il est attesté parmi les médecins délivrant les certificats médicaux pour les permis de transport en commun
33 : Leclair dirige sur Morlaix François-Marie Castel, de Mespaul, victime d'une chute de vélo. Banal. Plus original est la collision au passage à niveau de Lesvestric entre le saint-Pol – Brest et l'auto d'un représentant en vin. Terrible fut aussi l'accident du petit-fils du maire de Santec. Expéditeur de l'égume, Yves Morvan chute de sa charrette, place au Lin. La roue lui passe sur le bras. Il faudra l'amputer à la cliniqsue du Dr Lefranc, à Roscoff. Cette année-là, il lui faut constater le décès d'un pauvre ouvrier agricole de 72 ans, cardiaque, dépressif. Il s'est pendu rue Pen-ar-Pont.
Couvreur est un métier à risque. En juillet 34, François Le Gall fait une chute de 10 m rue Corre. Leclair réduit sa fracture. Le même jour, François-Marie Le Gall aura moins de chance en chutant du toit du couvent des sœurs de Picpus. Direction Morlaix. Leclair devra oublier la vision de ce jeune cultivateur de Vieux-Bourg, sorti fumer une cigarette. Et que l'on retrouve dans une mare de sang, la gorge tranchée. Son séjour à l'hospice de Morlaix n'avait fait que renforcer ses idées noires. Et Marie Cueff, buvait elle au point de se noyer dans l'Horn, au niveau du Stang ?
Les Clédérois auraient-ils le sang chaud ? En juillet 35, un maçon vient asséner un coup de marteau sur la tête d'un charrtier du Pont-Neuf. Leclair remettra Jean-Yves Plouzen sur pied.
En 36, qu'ils soit à pied ou à vélo, les Saint-Politains renversés par un véhicule sont le lot du médecin de ville. il prodigue les premiers soins à Thérèse Prigent, François Pleybert. Il porte encore secours à un ouvrier tomber d'un toit, Gaby Crenn. Il identifie aussi le corps de Jean-Le Gall, naufragé de la Marie-Louise, venue se briser sur les rochers de Samson. Quand un fêtard longeant à dreuz le mur du cimetière se couche sur la voiture qui passe, c'est encore Leclair qui lui prescrit les remèdes. Après quoi, les gendarmes lui dressent aussi une ordonnance. Il y eut aussi ce pendu à Kerompic.
1937 : des incidents éclatent avec les réfugiés espagnols de la colonie de vacances de Ker-Iza où Leclair est médecin traitant. Il doit leur certifier que la nourriture est de bonne qualité. Leclair intervient aussi au dispensaire de Keroulas où il accueille les blessés d'une grave collision entre le camion d'Hervé Laurent et une voiture du Loiret. Quant au jeune motocycliste de Mespaul qui accrocha ettraîna sur plusieurs mètres une veuve Grand' Rue, le médecin ne lui accorda pas ses félicitations. Mais ne fut pas avare de compassion pour Guillaume Cueff, cet ouvrier agricole de 60 ans qui eut les deux jambes brisées par l'arbre qu'il abattait chez Mme de Kerdrel, à Kerrour.
C'est à cette époque que Leclair s'établir rue du Petit-Cloitre. Mais il ne se cantonne pas à Saint-Pol. En 39, on le voit intervenir auprès de Louis-Joseph Créach, 7 ans, renversé par une voiture à Mespaul.
En 40, en alternance avec le Dr Bagot fils, il vous vaccinait contre la typhoïde à l'hôtel de l'Evêché. En mai 41, il soigne le jeune Jean Crenn, de la gare, renversé rue de Verdun par une voiture.
1941, voilà le forgeron de Santec qui fiche une avoinée au vieux Olivier Montfort, devant le debit Argouarc'h. Leclair accourt encore;
Leclair figure en 1942 parmi les médecins agréés par la Marine nationale.
Les restes des 18 mastyrs du réseau Centurie n'ont été découverts qu'en 1962 sur le plateau du Bouguen à Brest, confirmant leur exécution.
Leurs obsèques solennelles à Saint-Pol-de-Léon en juin 1962 ont marqué la fin de cette longue incertitude.Ils reposent aujourd'hui au pied du monument aux morts de Saint-Pol et ont une stèle commémorative à Brest.