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Quand le PC défendait Perrot

Le 26/02/2021 0

HERRIOT INTERDIT LE DRAPEAU BRETON AUX FÊTES DU BLEUN BRUG

Et les Brestois « interdisent » la Marseillaise

Des faits fort curieux ont marqué dimanche les fûtes du « BIeun Brug » à Brest. II s'agit d'une association culturelle nettement catholique et qui avait accoutumé d'organiser ses solennités avec le concours de toutes les autorités. Mais depuis le 7 août il y eut du bruit dans Landerneau. et dans toute la Bretagne. Bien des choses sont changées. Le mot d'ordre du gouvernement de Paris est « Sus à tout ce qui se dit Breton » Or, les fêtes du Bleun Brug, si elles sont catholiques, sont bretonnes ; Les organisateurs avaient demandé des chevaux de cavalerie pour leur défilé .de. mardi prochain. On les leur refusa.

La musique de la flolte devait prêter son concours dimanche. Il fut retiré, et les musiciens furent expédiés à Cholet. Mais le fait principal fut l'interdiction absolue d'arborer aux fêtes le drapeau breton, l'étendard aux bandes noires et blanches. « C'est un emblême séditieux » déclarèrent les autorités. Les organisateurs qui pratiquent la morale chrétienne demandèrent qu'on leur permit do sortir leurs drapeaux munis d'une cravate tricolore française. Ils télégraphièrent deux fois a Herriot à ce sujet. Celui-ci ne répondit pas et l'interdiction fut maintenue. Mais il y eut la riposte et c'est ce qui nous intéresse.

Malgré toutes les brimades gouvernemenlales, la fête eut lieu au vélodrome. La foule était dense et avec le clair instinct qui, dirige toujours les masses quand un grand sentiment collectif les anime, elle donna au gouvernement de Paris une belle leçon.

Au programme étaient inscrites l'exécution par la musique de la Marseillaise et celle de l'hymne breton Bro Gor Ma Zadou. Les musiciens n'étaient pas là, mais on chanta. Des centaines de voix chantèrent l'hymne breton, et lui seul. Ainsi, de cette fête catholique, par sa politique de vexation et de brutalités policières, le gouvernement en a fait une manifestation protestataire.

Le Breton qui nous fait tenir ces détails ajoute « Vous aviez bien raison de dire qu'on n'aurait pas les Bretons par la terreur ». Je le crois en effet.

Souscription contre souscription

Je le crois d'autant plus qu'on sent partout un mouvement de résistance s'organiser. Les petits incidents que nous venons de relater valent surtout parce qu'ils montrent que l'agitation s'étend à des milieux que leurs convictions religieuses inclinent naturellement à l'obéissance et à la résignation. Mais, nous l'avons dit, le mouvement breton doit tirer sa force des masses populaires, et nous le soutenons avec d'autant plus d'énergie que nous le voyons s'orienter d'une façon très saine vers les luttes sociales.

Un exemple. Quelques courtisans du pouvoir central ont lancé l'idée d'une souscription publique pour restaurer en le modifiant au besoin le monument détruit par l'explosion et que tous les Bretons avaient en horreur. 
Il s'agit de démontrer « le loyalisme de la Bretagne » en recevant des souscriptions forcées de tous ceux qui dépendent du gouvernement, du patronat, des gros propriétaires.

C'est un défi, Mais les Bretons veulent le relever

Nous l'avons déjà dit, elle fait son chemin, l'idée d'une souscription pour l'érection d'un monument à Le Balp, héros paysan de 1675, chef, des « Bonnets Rouges », qui. au nombre de plusieurs milliers se lancèrent à l'assaut des châteaux, réclamant la terre et la liberté de la Bretagne.

Dans la situation actuelle, au moment où la misère s'assied au foyer de chaque cultivateur breton, cette glorification de l'insurgé paysan, qui souleva les masses dans une grande révolte historique fut trahi par les nobles et supplicié pour avoir détendu sa classe, les armes à la main, prendrait la plus haute signification.

C'est par l'action de ses paysans, de ses ouvriers, de ses pêcheurs de ses marins sous le col bleu, que la Bretagne secouera le joug de misère qui pèse sur elle.

Daniel RENOULT.

L'Huma, 6 septembre 1932

 

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