Kerautret aux Barbier de Lescoët

En 1844, le manoir de Kerhoant est encore en deuil. Après la mort de son frère Joseph, Claude Créach, devenu le patron de la ferme et du moulin, perd sa jeune femme, Félicité Guillou, originaire de Cléder. Félicité, son prénom ne sera pas oublié et se transmettra à plusieurs femmes de la famille...

Jonatas Anne Maximilien Barbier de Lescoët (1782-1868)

Le moulin l'Evêque est devenu propriété des Barbier de Lescoët. En 1846, le trésorier de la fabrique de Plougoulm baille à Gabriel Riou et Jean Le Déroff, meuniers au dit moulin, une maison couverte de gleds et une garenne. Selon le bail et les promesses du nouveau propriétaire, il ne leur reste plus que deux ans avant de céder la place à Françoise Perrot.

En attendant, cette même année 1846, la population de Milin an Eskop est la suivante :

Jean Le Déroff, meunier et chef de famille, âgé de 35 ans, Jacques et Gabriel Le Déroff, ses frères, Jeanne Le Déroff, leur sœur, épouse de Gabriel Riou. Ce couple a trois jeunes garçons : Gabriel, Jean-Marie et Jacques Riou. On compte un garçon meunier de 32 ans nommé Jean Riou et un autre meunier de 62 ans, Paul Auffret. Enfin trois domestiques complètent le personnel : Gabriel Prigent, Louis Nédélec et Anne Ollivier.

1847 : Edouard Petit, géomètre de 1ère classe, redessine le cadastre de Plougoulm. La numérotation change, l'orientation aussi.

Les propriétés des Barbier de Lescoët sont nombreuses sur Plougoulm. Notons comme dépendances du moulin Merrot :

579 : Goarmic an Dossen, lande.

580 : Goarem Merot, lande.

581 : Prad-Bian. Pré.

582 : maison.

583 : moulin.

584 : cour et bâtiments ruraux.

585 : Al len, l'étang.

586 : Lost-al-Len, pâture

Les Barbier possèdent sur Plougoulm au titre de Milin an Escop tous les terrains longeant la rivière et qui nous mènent jusqu'à Sainte Anne1. :

590 : Ar Voarm, lande.

591 : Ar Vernec, pâture.

592 : Len Huela, étang.

593 : Prad ar Vernec, pré.

594 : Jardin ar Valy, courtil.

595 : Prad ar Feunteun, pré.

596 : Pâture.

597 : Crêches et cour.

598 : ''Granche'' et aire.

 

599 : Al len, l'étang.

600 : Prad al Len, pré de l'étang.

601 : Prad braz, pré.

602 : Prad braz, terre labourable.

603 : Prad braz, lande.

604 : Ar C'Hoat-Taille, taillis.

605 : Prad ar C'Hoat, pré.

606 : Prad Santès-Anna, pré.

607 : Prad Santès-Anna, taillis.

Le 28 août 1848, Edouard Petit, géomètre de 1ère classe, redessine le cadastre de Saint-Pol. Une nouvelle révolution avait chassé la monarchie quelques mois plus tôt. Mais sous cette Seconde république, la noblesse se portait toujours très bien. Les Barbier de Lescoët même mieux dans notre quartier puisqu'ils possédaient plus de biens que les Barbier de Kerjean jadis. On retrouve entre leurs mains l'ancienne seigneurie de Kerhoant avec son manoir et ses deux moulins, les métairies de Kervadoret et du Rohigou qui dépendaient du terroir de Kerhoant. Mais ils avaient, nous l'avons vu, fait l'acquisition en sus du moulin l'Evêque. Le tour du propriétaire sur Saint-Pol est vite fait. Voici sa numérotation au cadastre.

123 : maison et dépendances ;

124 : courtil nommé Ar Jardin.

125 : pré nommé An Enezen.

126 : Milin an Eskop, moulin.

127 : l'étang a été rayé comme « nul » sur le cadastre.

128 : les bâtiments ruraux.

Le n°635 est qualifié de maison appartenant à Jean Cueff. Elle est encadrée par Ar Jardin Vras et Ar Jardin Vian. Cette « maison » semble avoir remplacé l'ancienne chapelle.

Le double douet figure sous le numéro 631 et le nom de Poul-Lin, il est propriété du Brestois Haligon. La futaie (633) s'appelle Ar C'Hoat-Bian.

La maison figurant en 610 et 611, à Haligon, a aussi ses Jardin Vraz et Jardin Vraz. (613 et 612). Elle est assise sur une terre labourable (609) appelée Parc-Mez-an-Traon. Le pré 614 s'appelle Ar C'Heun.

En 637, propriété des Barbier de Lescoët, auparavant aux Créach de Kerhoant, est Parc-ar-Feunteun.

Le 10 octobre 1848, Françoise Perrot, fermière entrante dans la métairie de Sainte-Anne et au moulin de Kerautret, dit aussi de l'Evêque, verse 1.250 F à Guillaume Riou, cultivateur et meunier parti pour Poullesqué, en Plougoulm.

Février 1849 : Jacques Blanc, cultivateur au Markès, Plougoulm, porte plainte contre le sieur Claude Loussot qui, entre autre, a établi un barrage sur la rivière dite de Kerellec, nuisant ainsi au fonctionnement du moulin de Blanc établi en bordure de sa prairie de Pratijel.

1856. Au moulin l'Evêque, Françoise Perrot est toujours la meunière. Elle a cinq enfants : François, Emilie, Jacques, Félicité, Elie. Paul Guivarc'h, 32 ans, est garçon porteur, de même que Jean-Marie Goavec, 44 ans, Yves Corre, 43 ans et Yves Gall, 18 ans. En 1861, Françoise, qui a maintenant 54 ans, reste la meunière, entourée de quatre de ses enfants qui pratiquent le même métier. Emilie n'apparaît plus. Quatre domestiques : Jacques Castel, Françoise Prigent, François Quémeneur et Françoise Cloarec.

C'est alors que reprend la guerre entre moulins, mettant en péril 70 emplois au Stang.

(A suivre)


1Matrice, 85/175.

 

Date de dernière mise à jour : 18/05/2021

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