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Les Kerhoant

Par Laurent Quevilly

Le nom des Kerhoant est aujourd'hui éteint. Ce nom qui, un temps, fut donné à la ville de Montoire et à son vaste marquisat, ne subsiste plus que sur un petit panneau indicateur noyé dans la verdure. Celui-ci vous conduit à un manoir situé à 4km de Saint-Pol-de-Léon, sur la route de Plouescat. Le berceau de la famille Kerhoant est ici.

Kerhoant, cela signifie la maison jolie. Et le plus ancien porteur du nom qui nous soit rapporté, Paul, y vivait en 1105. C'est du moins de que nous affirme Louis de Moréri dans son grand dictionnaire historique. Il est l'auteur de la généalogie la plus complète sur les Kerhoënt. Sa première lecture apparaît fantaisiste du XIIe au XIVe siècle. Trop touffue pour être vraie. Emaillée de prénoms et patronymes insupportables. Comme si cet érudit s'était laissé berner par un Nicolas Delvincourt, faussaire en généalogie. Mais plus on avance dans le temps, plus les noms cités sonnent juste. Ce n'est qu'à partir du XVe siècle que ces travaux gagnent en crédibilité.

Le grand dictionnaire a connu une vingtaine d'éditions. Publiée à Lyon en 1674, du vivant de Moréri, la première ne fait pas mention des Kerhoënt. Ils n'apparaissent qu'en 1725. Des corrections interviennent en 1732. Puis dans les suppléments de 1735. C'est donc à titre purement anecdotique que nous publions ici le début de cette généalogie. Elle nous servira d'ossature et nous nous attacherons à en récuser ce qui nous semble tenir de la supercherie.

Une chose est sûre: avérés, Jean, époux d'Annette de Bréffeillac et leur fille, Isabeau, furent les derniers représentants de la branche maîtresse qui vécurent dans cette maison. Par mariage, en 1452, le domaine passa aux seigneurs de Névet. Puis aux Barbier de Kerjean. Il est aujourd'hui propriété des descendants de Claude Créach, un paysan aisé qui s'y installa vers 1740. Entre temps, les cadets des Kerhoant auront fondé d'autres branches. J'en ai noté sept en tout.

 

La branche maîtresse des seigneurs du dit lieu

(1105-1452)

I.- Paul, seigneur de Kerhoënt, vivant en 1105, époux de Damette de Lavalot, fille de Marc, chevalier, seigneur de Lavalot.

 Moréri crédite Paul et Damette de cinq enfants:

  • Tanguy de Kerhoënt qui suit.
  • Allanne de Kerhoënt, épouse de Pierre, sire du Vieux Castel, mort vers 1150. La famille du Vieux Castel, dite encore du Vieux Chastel ou Castel coz tenait les fiefs du Vieux Chastel, de Brunault, paroisse de Trébivan etc. Cette dernière terre appartiendra plus tard aux Kerhoënt. Porte trois fasces, accompagné de dix hermines 4, 3, 2 et 1. Elle est un ramage des Rostrenen, d'hermines à trois fasces de gueules. Devise: Oultre et Si je puis. Rivoalan, sénéchal de Bretagne en 1068. Outre Brunault, cette famille avait aussi la seigneurie de Brélidy que nous retrouverons à plusieurs reprises dans cette généalogie.
  • Aliette de Kerhoënt, épouse de Tanguy de Lozérec. Deux hypothèses. Le manoir de Lézérec, non loin de Kerhoant, à Plougoulm, fut propriété de la famille de Kerourfil, originaire de Guiclan qui blasonnait d'azur à la fasce d'argent accompagné de six besants de même. Dont Guyon en 1448. Le manoir passa ensuite aux Trédern. Autre patronyme approchant: les Lézérec, autrement dit Lézelleuc à Plouescat.
  • Guiette de Kerhoënt, épouse de Claude, seigneur des Aubrais. La seigneurie des Aubrais relevait de la famille de Lannion, en la paroisse de la Chevrolière, évêché de Tréguier. Château, droit de patronage sur l'église de Cauhennec. D'argent à trois merlettes de sable, au chef de gueules, chargé de trois quintefeuilles d'argent. Devise: Prementem pungo. La généalogie connue débute à Briant, vivant en 1352, époux de Adeline de Kergorlay.
  • Androinne de Kerhoënt, épouse de Perceval, seigneur de Kerjaulan. Patronyme approchant: Keriolan. Un manoir de ce nom à Pédernec, dit aussi Kerialan. Mais pas de noblesse.

II.- Tanguy, seigneur de Kerhoënt, vivant en 1140, époux de Hamonne de Kernabat, fille d'Hamon, chevalier, seigneur de Kernabat.

 Kernabat: éthymologiquement, la maison de l'abbé. On retrouve une branche de Coëtmerret-Kernabat chez les Kersauzon au XVIIe. La seigneurie de Kernabat, paroisse de Boquehot, évêché de Tréguier, était le fief de la famille du Poirier. Un château y existait déjà au XIe siècle.

Sept enfants sont accordés à Tanguy et Hamonne:

  • Hervé de Kerhoënt, qui suit.
  • Tanguy de Kerhoënt, seigneur de Kergoff et de Kertangui. Mort en 1170, il aurait eu postérité jusqu'en 1480 avec Paul, XIIIe degré. Kergoff est effectivement un manoir tout proche de Kerhoant.
  • Hardouine de Kerhoënt, épouse de Rivalon, seigneur de Kerocke. Patronyme inconnu. Approchant: Keroc'h.
  • Tanguye de Kerhoënt, épouse de Tristan de Coëtquelfen. Cette famille, nous le verrons plus loin, fut effectivement liée aux Kerhoënt.
  • Mordranne de Kerhoënt, épouse de Simon, seigneur de Guicaznou. Possédait aussi le fief de Bodister, en Plourin. D'argent fretté d'azur, Dieu me tue pour devise. Geoffroi, épouse vers 1380 Catherine de Kermabon. Mériadec, panetier du duc Jean V en 1427. Mériadec, maître d'hôtel de la Reine et capitaine de Morlaix en 1506, marié en 1491 à Marie Le Gualès.
  • Alenette de Kerhoënt, épouse de Nicolas, seigneur de Kerarro.
  • Androinne de Kerhoët, épouse de Maurice, seigneur du Drennec. Famille originaire de Ploumoguer, Plouvien, Plougonvelin. D'azur à un barbeau d'argent en pal. Devise: Ne seus pesq heb he zrean, il n'est de poisson sans arête. Attestée en 1426.

III.- Hervé, seigneur de Kerhoënt, mort en 1169. époux de Rivalle Adam, fille d'Alain Adam, chevalier, seigneur de Rivalle et de Brignou. 

Adam est un patronyme avéré en Trégor. Adam, seigneur de Tourault, paroisse de Plouigneau, d'or à une tour crénelée de sable, sommée d'un tourillon de même. Adam, seigneur de Kermalvézen, paroisse de Plestin, seigneur de Goashamon, vairé d'argent et de gueules, à la bordure de sable, besantée d'argent. Cinq enfants supposés:

  • Vincent qui suit,
  •  
  • Mercuse de Kerhoënt, épouse de Jahel, seigneur de Kerlevenant. Il existe un château de Kerlevenan en Sarzeau, Morbihan, propriété des Carré puis des Gouvello.
  •  
  • Rivalle de Kerhoënt, épouse de Jacques d'Argenton, chevalier. Famille originaire du Poitou, implantée en Trégor.
  •  
  • Hervette de Kerhoënt, épouse d'Allain, seigneur de Botquennel. Cette famille se fondra plus tard dans Kerhoënt. Elle blasonne d'argent à deux chevrons de sable. Localisée à Loperhet, Poullaouen, Sizun, on la retrouve en Léon de 1444 à 1562.
  •  
  • Adelisse de Kerhoënt, épouse de Conan, seigneur de Brelidy, chevalier. La paroisse de Brélidy est dans l'évêché de Tréguier.

IV.- Vincent, seigneur de Kerhoënt, mort en 1201, époux d'Andronne d'Anaudé, fille d'Andron, chevalier, seigneur d'Anaudé. 

 

 La famille Anodé est précisément de la paroisse de Brélidy où elle possède la seigneurie du Chastellier. Elle blasonne écartelé aux 1 et 4 de gueules à une fleur de lys d'agent, aux 2 et 3 d'or plein. Vincent et Adelisse auraient donc épousé deux membres de cette famille. Moriré donne quatre enfants à Vincent:

  • Olivier qui suit.
  • Andronne de Kerhoënt. Dans la généalogie des Barbier de Kerjean, on retrouve bien une Andrenne de Kerhoënt, dite aussi Mahaute, qui épouse en 1215 le chevalier Lancelot Le Barbier, de Pontivy. Mauriré confirme.
  • Adélisse de Kerhoënt, épouse d'Olivier de Kergomar, chevalier. Une seigneurie de Kergomar, liée à celle de Trémédern, apparenait aux de Kerérault, paroisse de Guimaëc, d'azur fretté d'argent, une fleur de lys de même sur l'azur en chef. Devise: Mervel da veva, mourir pour vivre. Autre famille Kergomar: d'hermine à la fasce de gueules, chargée de trois molettes d'or. Il doit s'agir ici de la famille Kergomar de Coatneret dont on retrouve une autre représentante plus loin.
  • Geffrine de Kerhoënt, épouse de Tugdual Jacques de Bolifat. Patronyme inconnu.

V.- Olivier, seigneur de Kerhoënt, mort en 1232, époux de Gilette d'Audené, fille de N. d'Audené, chevalier.

 

 Cinq enfants supposés:

  • Prégent, qui suit
  • Vincent de Kerhoënt, mort en 1261. Moréri le donne auteur de la branche de Kergoulenruven, finie au XIII degré avec Paul. On y voit la branche de Kergoulaouen, en Plouvorn, où le manoir est la réplique de celui de Kerhoënt.
  • Gilette de Kerhoënt, épouse de Maurice de Bihan, chevalier, seigneur de Launay. Bihan et Launay existent bien. Je n'ai pas rencontré de Bihan de Launay.
  • Olive de Herhoënt, épouse de Hoël, seigneur de Châteaufur. Ethymologiquement: le château du sage. Manoir à Plounévez-Lochrist relevant de Kergournadeac'h. Autres implantations notamment à Pontplaincoët, près de Kerhoant. D'azur au château d'argent. Devise: Var en tre ha var al lano, Castelfur eo va hano. Au jusant comme au flux, Castelfur est mon nom. On connaît un écuyer, Alain, vivant en 1400, époux de Mahaud de Kereuc dite encore Mahaud Maheuc..
  • Philipotte de Kerhoënt, épouse de Eon de Châteaugal, chevalier. Des seigneurs du dit lieu et du Granec, en Landeleau, Cornouaille. De gueules à trois châteaux d'or. Le fief de Châteaugal passa par mariage aux Kermellec en 1312.

VI.- Prégent, seigneur de Kerhoënt, mort en 1262, époux de Conane de Brélidy, fille de Rivalon, chevalier, seigneur de Brélidy.

 

 Troisième union avec cette famille. Prégent et Conane sont crédités de trois enfants:

  • Tanguy II qui suit,
  • Pregente de Kerhoënt, épouse du chevalier Antoine de Canu. Patronyme approchant: Camus.
  • Conane de Kerhoënt, épouse de Jean, chevalier, seigneur de Coetmanach. Coatmenech, étymologiquement, le bois pierreux. D'une ancienne famille originaire de Plouider, descendant de l'époux d'une fille descendant du comte de Léon. Fascé de vair et de gueules. Devise: Soit.  

VII. - Tanguy II, seigneur de Kerc'hoent, mort en 1284, époux de Guyomarde de Botguignen, fille de N. seigneur du dit nom.

 

 Botguignen blasonne écartelé aux 1 et 4 d'argent à trois merlettes de sable, 2 et 1, aux 2 et 3 d'argent à trois fasces ondées d'azur.

Quatre enfants supposés:

  • Hervé II qui suit,
  • Tanguy III de Kerhoënt, époux de Olive de Botigneau. Moréri le donne à l'origine de la branche du Herlan et de Boisruault. La quatrième que nous retrouverons plus loin. On le présente aussi comme étant à l'origine des branches Kergournadeac'h, Coatanfao, Locamaria jusqu'à l'extinction du nom.
  • Tanguye de Kerhoënt, épouse de Sylvestre, seigneur de Coëtlestremeur. Ramage de Rivoalan. Un seigneur du dit lieu et du Cosquer, paroisse de Plounéventer. Famille attestée de 1426 à 1447 à Plounéventer et Plouénan. D'argent au sautoir accompagné en chef d'une étoile, en flancs et en pointe de trois quintefeuilles, le tout de gueules comme Coëtquis, Le Grand, Kerbouric, du Plessix et de Ploësquellec. Fondu dans Penmarc'h.
  • Guyonne, ou Guiomare de Kerhoënt, épouse de Louis, seigneur de Coëtmeur. Un seigneur du dit lieu et de Daoudour, paroisse de Plougourvest. Trefflaouénan, Plouguin. D'argent à un écusson de gueules en abyme, à l'orle de six croix recroisettées d'azur. Sylvestre, fils d'Yvon, chevalier en 1260, pourrait être père de Louis.

VIII. - Hervé II, seigneur de Kerhoënt, mort en 1320, époux de Josseline de Bruanval, fille de Josselin, chevalier, seigneur du dit lieu.

 

 On leur prête deux enfants:

  • Eon, qui suit,
  • Josseline de Kerhoënt, épouse de Pierre, seigneur de Coudmare. IX. - Eon, seigneur

IX - Eon de Kerhoënt, mort en 1359, époux de Charlotte Le Barbu, fille de Charles Le Barbu, chevalier.

 

 Le Barbu, Le Barvet en breton, famille implantée à Trévehy en Plouénan, Ternant à Plouvorn ou encore Coëtangal à Ploudiry. Jean, contemporain d'Eon de Kerhoënt, est écuyer à l'hôtel du Duc en 1360. Il ratifie le traité de Guérande en 1381. D'or à l'essonier d'azur.

Trois enfants pour Eon et Charlotte:

  • Arthur, qui suit
  • Eonne de Kerhoënt, épouse de N., seigneur de Coëtmerret. Il peut s'agir de Jehan de Launay, seigneur de Coatmerret, paroisse de Lanhouarneau, présent à la montre de Lesneven en 1378. D'argent au lion d'azur couronné d'or armé et lampassé de gueules. Devise: Soit. On retrouvera à Coatmerret Me Guillaume de Launay en 1427 ainsi que Henry de Launay qui combat les Anglais à Patay en 1429. Yves de Launay, époux de Marguerite de Pontplaincoët en 1436. De 1444 à 1466: Guillaume de Launay et Marguerite de Lesquelen, fille d'Hervé et Marguerite de Bouteville, N'oublions pas qu'existait des Kergomar de Coatneret.
  • Magdeleine de Kerhoënt, épouse du chevalier Tangui de Miguel, chevalier. Inconnu.

X. - Arthur, seigneur de Kerhoënt, époux de Olive du Brignou, fille d'Olivier du Brignou, chevalier.

 

 Manifestement, nous sommes ici en présence d'une fille de la maison de Saint-Goueznou, implantée à Plouvien en la seigneurie de Breignou. Elle produisit un Jean, abbé de Landevennec en 1350. Nous verrons qu'un autre membre de la famille épousa un peu plus tard une Kerhoënt. De gueule à la face d'or accompagné de six besants de même. Par alliance avec les Ploeuc, la terre de Breignou passa aux Kerlec'h puis au Thépault..

Arthur de Kerchoënt est cité dans certaines généalogies comme étant né en 1315, époux de Anne de Brignen, née en 1320.

Trois enfants supposés:

  • Nicolas, qui suit
  • Arthure de Kerhoënt, épouse de N... de Château-Vieux, chevalier. A rapprocher peut-être de Vieux-Chatel, paroisse du Minihy, de gueule à la fasce abaissée d'or, surmontée de dix billettes de même, 4.3.3 Des Olivier étaient aussi seigneurs du Vieux-Châtel, à Plougin.
  • Prégente de Kerhoënt, alliée à Hervé, chevalier, seigneur de Châteaumen.
  • Monique, épouse de N. de Coethuan, chevalier, mort en 1390. Un seigneur du dit lieu à Bréhand, près Loudéac, dit encore manoir de Breman. Il s'appellera plus tard manoir de Coëtcodu et sera propriété des Kerhoënt. En 1414, il est possédé par Jean de Coëthuan qui pourrait être fils de Monique de Kerhoënt. 1480, montre de Saint-Brieuc, Jean de Coëtuhan comparaît en archer, porteur d'une brigandine. Autre branche à Tréguier représentée par Guillaume. De gueules à trois croissants d'argent.

Non rattachés:

Jean, étudiant à Paris en 1378, Maître es art, étudiant à Angers, il sera sénéchal de Goëlo et de Guingamp sous le Duc Jean V.

Menguy Kerhoent, signalé dans une montre à Bourges en 1418 comme écuyer en compagnie de Olivier de Lesildry, Henry de Kaerisperec, Merien Hon, Jehan Bruise, Guillaume Piedran, Ury de Lahaye, Rolant Lesneven, Yvon de la Haye, Derien Hemar.

XI. - Nicolas, seigneur de Kerhoënt, mort en 1420, époux de Anne Huon.

 

 Anne Huon, nous dit Moréri, était fille et principale héritière de Eon Huon et d'Annette du Chastel. Le couple vivait au manoir de Trohéon, à Sibiril Cette famille est un ramage des vicomtes de Léon et des barons de Penhoat dont elle porte les symboles sur ses armes: d'or au lion morné de sable, brisé d'une fasce en devise de gueules.

Anne avait pour frère Hervé Huon, seigneur de Trohéon, époux en 1430 de Isabelle, dame du Herlan.

Certaines généalogies donne Nicolas, né en 1340, Anne Huon, née en 1345, Eon Huon né en 1325 et mort à Azincourt… en 1415. A 90 ans!!!

Nicolas et Anne auraient eu:

  • Pierre, qui suit
  • Aliette de Kerhoënt, épouse de Joachim de (?).
  • Tanneguye et Kerhoënt, épouse de N..., seigneur de Saint-Gouesnou et Brignou. Revoici la famille de Saint-Goueznou, seigneur du Breignou en la paroisse de Plouvien. De la montre de 1426. Un Perceval vivait en 1443.
  • Eonne de Kerhoënt, épouse de N..., seigneur de Tregetmornan. Inconnu!
  • Gilette de Kerhoënt, épouse de N..., seigneur de Lanvelian. Inconnu!

XII. - Pierre, seigneur de Kerhoënt, mort en 1450, époux de Harouisse de Kerouzéré, fille de Jean de Kerouzéré et de Jeanne de Rosmadec.

 

 Voilà le premier personnage réellement avéré. Moréri le voit parmi les chevaliers et écuyers de l'évêchés qui prêtent serment de fidélité au duc de Bretagne en 1437. Il comparaît à la réformation de 1443 et est nommé dans l'enquête faite pour la réformation des feux de la paroisse de Sibiril le 17 décembre de la même année. Il fonda la chapelle Saint Nicolas dans l'église Saint-Pierre de Saint-Pol-de-Léon. Pierre apparaît dans d'autres généalogies mais elles se contredisent. Il aurait épousé vers 1426 Harouisse, dite aussi Havoise de Kerouzéré, paroisse de Sibiril. On note en Janvier 1426 qu'un Pierre de Kerhoant possède à Plouvorn le lieu de Meneston. Cette même année, Pierre de Kerhoant possède à Plounevez-Lochrist le manoir de Kerhorou. Trois enfants:

  • Jean, seigneur de Kerhoënt, qui suit.
  • Pierre II de Kerhoënt. Moriré le donne époux de Soudanne de Bodister. Prête serment en 1437. Bodister est une seigneurie de Plourin, évêché de Tréguier. Elle a été possédée par les Guicaznou, puis les Dinan au XIIIe siècle, les Laval par mariage en 1450.
  • Marguerite de Kerhoënt. Epouse de Guyon de Coëtquelfen. Couple avéré. Il donnera Maurice de Coëtquelfen, époux d'Aliette de Kergournadeac'h, fille de Guyon de Kergournadeac'h et d'Isabeau de Launay. Aliette devindra l'héritière de sa maison en 1482 et son mari prit le nom et les armes.

XIII. - Jean, seigneur de Kerhoënt et de Troéhon, époux de Annette de Bréfeillac, fille de Perceval de Bréfeillac.

J'ai longtemps pensé que Jean était ce "fils Hervé", homme d'armes présent à une montre de 1420. Moriré le donne fils de Pierre, Du Paz aussi. Adoptons cette hypothèse. On note un Jean, sénéchal de Lesneven à cette époque.

Jean, assure encore Moréri, est mentionné parmi les chevaliers, capitaines et gendarmes nommés pour aller, sous la conduite de Bertrand de Dinan, maréchal de Bretagne et Jacques de Dinan, son frère, en France, avec Richard de Bretagne, quatrième fils du duc Jean V vers le roi Charles VI, monseigneur le Dauphin et le duc de Bourgogne. Ils reçurent un demi-mois de gages à Nantes, le 7 septembre 1419 (Prevues de l'histoire de Bretagne, Dom Lobineau, P. 969). Comme son père vit encore, il n'est nommé que Jean de Kercoënt,  de même que dans les comptes du receveur principal de Bretagne depuis le 13 avril I423, jusqu'au premier novembre 1426, où il est alloué une somme à Jean de Kercoent et à Lain de Kerazret, por mettre sus certain nombre de vaisseaux pour cuider de prendre l'ambassade d'Olivier de Blois qui alloit en Angleterre.

Les Breffeillac. Famille originaire du manoir du même nom, paroisse de Pommeret, évêché de Saint-Brieuc. Pommeret est un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Hillion. La paroisse de Pommeret existe dès 1309 : elle est en effet mentionnée dans un acte relatant un accord entre Jean et Guillaume de Bréhand, concernant les terres de La Motte au Chastel. La famille est répertoriée aux montres de 1423 à 1535. A la montre de 1480, à Saint-Brieuc, on retrouvera Jehan de Breffeillac, 250 livres de revenu, excusé comme appartenant à une compagnie d’ordonnance. De la paroisse de Saint-Pôtan comparaît Estor de Breffeillac, du manoir de la Lande, 80 livres de revenu, porteur d'une brigandine et armé d'une pertuisane. Les Breffeillac sont également implantés à Saint-Solain, évêché de Dol. En 1506 vivait Jeanne de Breffeillac, fille d'Alain de Breffeillac et de Marguerite Le Normand.

Jean de Kerhoant est le dernier héritier mâle de la branche maîtresse au manoir de Kerhoant. Il n'eut qu'une fille unique:

- Isabeau, dame de Kerhoant. Une première fois, vers 1440, elle s'allie à Henry de Névet. Mais la famille du Chastel casse le mariage au profit de sa fille, Jeanne, que Henry de Névet épouse en seconde noce en 1444. Mais il revient vers Isabeau avec qui il se remarie après un contrat signé le 16 février 1452. Isabeau lui apporte ainsi en dote le manoir de Kerhoant. Leurs descendants porteront dans leurs titres le nom des Kerhoant. Puis les Barbier qui, en 1533, rachètent le manoir. Les Kerhoant, bien sûr, continueront à porter aussi leur nom.

Le même jour que fut signé le contrat de mariage, le père d'Isabeau, Jean, procéda au partage des biens de ses parents avec son frère Pierre.

 

Généralités sur les Kerhoant

Kerhoënt (de) ou Kerhoënt, sr. dudit lieu, paroisse du Minihy, — de Trohéon, en Sibéril, — de Botquénal, en Loperhet, — de Kergournadec'h, en Cléder, — de Coëtenfao et de Locmaria, en Séglien, — de Botigneau, en Cloharz, — de Tréanna, en Elliant, — de Brunault, en Trébrivan, — de l'Estang, — de Crec'quérault, en Plouvorn, — de Kerautret, en Plougoulm, — de Landeboc'her, en Plouzévédé, — de Mescouin, en Plougourvest, — de Morisur, en Plouider, — de Kerandraon, en Plouguerneau, — de Penhoët, en Saint-Thégonnec, — de Mescouez, en Plougaznou, — de Rozarvilin, — de Keroullé, en Ploudiry, — de Leurandenven, — du Lorieuc, en Crossac, — marquis de Montoir, en 1745, — vicomte de Donges, — marquis d'Assérac, en 1752, par mariage avec l'héritière de Lopriac.

Ancienne extraction chevaleresque. — Neuf générations en 1669. — Réformes et montres, de 1426 à 1534, paroisses du Minihy, de Plougoulm et de Sibiril, évêché de Léon. Blason : Ecartelé de Kergournadec'h et de Coëtenfao ; sur le tout : Losangé d'argent et de sable, qui est Kerhoënt. Devise : Sur mon honneur.

Kerhoënt a produit : Jean et Hervé, hommes d'armes, dans une montre de Jean de Penhoët, en 1426, pour le recouvrement de la personne du duc. — Pierre épouse, en 1426, Havoise de Kerouzéré, dont autre Pierre, marié, en 1462, à Louise Huon, dame de Herlan et du Squiriou, père et mère de : 1° Alain, marié à Louise de Botquénal ; 2° Jean, auteur des srs. de Herlan.— Alain, fils du sr. de Botquénal, épouse, en 1530, Jeanne de Coëtquelfen et de Kergournadec'h. — Olivier, leur fils, chevalier de l'ordre, époux, en 1559, de Marie de Ploeuc, dame de Coëtenfao [Note : Marie de Ploeuc était fille unique et héritière de Pierre et de Jeanne du Quellenec. « Ladite dame mourut assez jeune, en 1573, et ledit sr., son mari, en l'âge de plus de 60 ans, l'an 1594, au mois de décembre, et est enterré en l'église paroissiale de Cléder, au chœur d'icelle, sous un tombeau haut et élevé, et dans ladite église est sa peinture, de son long, armé de toutes pièces, sa cotte d'armes de velours rouge cramoisi, son casque, ses éperons dorés et sa lance... Ce seigneur Olivier a immortalisé sa mémoire dans les bastiments superbes qu'il a entrepris, du faict du château de Kergournadec'h qui mérite d'estre mis au rang des belles maisons de France... » (Extrait d'une ancienne généalogie de la maison de Kerhoënt, à la Bibliothèque nationale, par M. de Carné. Chevaliers bretons de Saint-Michel, pp. 193-194)], dont : 1° François, chevalier de l'ordre, marié à Jeanne, dame de Botigneau [Note : François, lieutenant pour le Roi pendant la Ligue, épousa, en 1583, Jeanne de Bottigneau, grande et riche héritière, fille unique d'Alain et de Marie de Kergorlay. « Ce sr. a vescu jusqu'à l'âge de 69 ans, aismé et chéri de tous en son pays, comme l'un des plus hommes de bien vertueux et généreux seigneurs de son temps. Il est décédé au mois de mars 1629, au château de Bottigneau, à deux lieues de Quimper-Corentin, et enterré en la chapelle du chasteau de Kergournadec'h, dédiée à Saint-Jean. Son corps fut accompagné sur la route, de plus de deux cents gentilshommes, et reçu à la porte de Quimper par M. l'évêque de Cornouailles. Son oraison funèbre fut faite dans la cathédrale par le R. P. de Bar, jésuite. La compagnie se rendit ensuite au château de Kergournadec'h, où il y avait tables préparées de trois cents couverts, magnifiquement servies de poisson ». Environ un an après la mort de son mari, Jeanne de Bottigneau quitta le monde et se rendit religieuse carmélite, au couvent de Nazareth, près de Vannes, où elle fit profession, le 4 novembre 1631, reçue par le R. P. Thibault, de l'ordre des Carmes. (Ibid.)] ; 2° Charles, sr. de Coëtenfao, aussi chevalier de l'ordre, et époux d'Isabelle de Crec'quérault [Note : Isabelle de Crec'quérault était fille de François et de Marie de Penhoët], auteur de la branche de ce nom, et de celle des marquis de Montoir.

On trouve encore dans cette maison : Un sénéchal de Léon, en 1437. — Un chevalier de Malte (Toussaint, sr. du Mescouez), en 1688. — Quatre pages du Roi [Note : Ces quatre pages étaient : Maurice-Sébastien, sr. de Coëtenfao, en 1690 ; Louis-Melchior, sr. de Coëtenfao, en 1710 ; Jean-Sébastien de Coëtenfao, en 1690, et Joseph-Marie, sr. de Locmaria, en 1734]. — Deux brigadiers de cavalerie, en 1710 et 1748. — Un évêque d'Avranches, mort en 1719. — Un lieutenant général, en 1710, mort en 1721. — Un gouverneur du Minihy et de Morlaix, mort en 1741.

La branche aînée de Kerhoënt, fondue en 1452 dans Névet, puis du Louet et Barbier ; celle de Kergournadec'h, fondue, en 1616, dans Rosmadec ; celle de Coëtenfao, dans Le Vicomte. A signaler le mariage de François de Kersauson, sr. de Coathuel avec Marguerite de Kerhoënt, au début du XVIIe siècle.

 

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Date de dernière mise à jour : 21/05/2021

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