Après Le Mercier, le manoir de Kerguennec a été possédé par Guillaume Ghilhem, dit ainsi seigneur de Kerguennec et son épouse Catherine, demoiselle Concer de Kermebel. de la paroisse de Saint-Jean et née à Plougasnou. Ceux-ci se sont mariés le 4 septembre 1684 à Saint-Pol-de-Léon. Pour cela, ils bénéficièrent d'une dispense de ban obtenue du grand vicaire du Léon, de M. Le Jacobin, vicaire général et du sieur Morin. La messe fut célébrée par discret Messire René du Louet, prêtre, chantre, chanoine et premier dignitaire de Léon assisté des Sieurs vicaires de la paroisse en présence des soussignants : Catherine Concer, Françoise Geffrel et Guillaume Malbec de Lanruz, son époux, Anne Marie du Louet, René Concer, Nicolas de Toulvoët, époux de Françoise Le Gac de Pontblanc, Pierre de Lanrivinen, Marie Concer, Anne Concer et G. Guilhem. Signent aussi le vicaire de Saint-Jean et René du Louet.

Un temps syndic de Saint-Pol de Léon, Guillaume Guilhem, seigneur de Kerguennec, est mort le 9 août 1702. On lui connaît un fils, Hamon François Guilhem de Kermebel.

Le manoir de Kerguennec vu de la cour intérieure (photo : Laurent Quevilly).

Un aveu du 13 Juin 1703 au nom de Demoiselles Magdalene et Janne Le Roy fait état d'un “parc” de 1/3 journal au terroir de Kerguenec ; ce champ leur venait de leur mère, Anne Le Bloas.

Les ancêtres de Laurent Voulzy...

A Kerguennec vécut un Yves Créach originaire de Cléder. Il eut plusieurs enfants dont un allait effectuer plusieurs voyages aux Antilles. Yves Créach avait en effet épousé Catherine Laurens à la cathédrale de Saint-Pol le 5 août 1679. Elle lui donnera cinq garçons. D'abord un enfant mort-né en 1681. Le 6 septembre 1682, le couple accueille un Guillaume Le Creach, à Kerguennec. Parrainage : Guillaume Caroff, de Crucifix-des-Champs et Françoise Lorens, de Saint-Pierre. Toujours à Kerguennec naîtra, le 7 février 1685, Olivier Creach, parrainé par Olivier Prigent, Sr de Kerscao et Dlle Constance Messager, dame Rosambois. Le couple eut encore François, en 1689 qui meurt à 5 ans. Et enfin, et ce dernier nous intéresse, Pierre Creach, né en novembre 1695, fils posthume d'Yves Créach car ce dernier est mort en avril.

Marié à son tour en 1717 à Gabrielle Le Bleis. qui lui donnera des enfants, Pierre Creach fut matelot à bord du Jean-Joseph, navire corsaire de Brest, commandant Lavenant. Dès 1718, à Saint-François, en Guadeloupe, il aurait eu un premier enfant d'une inconnue et qui reçut là-bas le nom de Jean Reache. Vers 1720, un second garçon naquit encore en Guadeloupe sous le nom de Thomas François Reache.

Pierre Creach mourut à Pointe-à-Pitre en 1742 où il aurait donc eu postérité alors que son épouse, à Saint-Pol, lui a donné régulièrement des enfants légitimes de 1718 à 1733. Le chanteur Laurent Voulzy pense descendre de ce marin via l'homme politique Gaston Gerville-Réache, né en 1854, ce qui reste à ce jour une hypothèse douteuse qu'aucun document ne vient étayer.

La veuve du colon de Saint-Domingue

Mauricette Hervé du Penhoat était l'épouse de Joseph Marie de Sioc'han de Kersabiec, de son vivant commandant de la rade du Cap-Français, à Saint-Domingue. Quand elle meurt au terme d'un veuvage, son héritage fait état en 1779 de Kerguennec.

Art. 5. - Le lieu noble de Kerguennec, paroisse du Minihy, franc de rachat, tenu en ferme avec la moitié des terres à Perharidy, par Olivier Chapalain, suivant bail du 26 septembre 1772 au rapport du dit Raoul pour en payer par an 114 livres

Art.6. - Autre lieu noble de Kerguennec, paroisse et fief, affermé avec l'autre moitié des terres à Perharidy 108 livres.

Art 33. - Biens échus a la dite Dame de Kersabiec, de la succession du Sr de Kermebel Guilhem, du manoir noble de Kerguennec, près Roscoff, fief du Roy, franc de rachat, tenu en ferme par Olivier Chapalain, bail du 15 mai 1770, au rapport de Gris, pour en payer 120 Livres par an, acquitté sur la moitié de la ferme la rente annuelle et perpétuelle de 12 livres aux Carmes ; le dit manoir est chargé outre la susdite rente de 12 livres aux Carmes d'une autre rente de 12 livres de douaire à la dame veuve douairière de Kermebel et de plus de 24 livres aux Demoiselles Tilly, de Morlaix pour leur portion dans la succession immobilière du Sr Kermebel.

Quelques villageois...

Vécurent à Kerguennec à la fin de l'ancien régime :

François Séité et Marie-Anne Chapalain en 1779.

Pierre Cabioch et Anne Tanguy en 1785. Ils se sont mariés en 1779. Trois enfants.

Jean Laurens et Marguerite Bernard en 1786,

Renée Rohou, veuve Jean Daoulas, en 1787. Elle s'était mariée à Santec en 1763.

Yves Créach, fils de Maudez Creach et Anne Le Roux. Il est mort à Kerguennec en 1789. Époux d'Isabelle Pronost, il eut sept enfants dont Hervé qui demeura à Kerguennec et engendra à son tour 12 enfants.

En 1784, l'armée entrepose des pièces d'artillerie à la chapelle Saint-Nicolas, proche de Kerguennec. Ce qui suscite la réprobation des fidèles. C'est là que les Roscovites, pourtant affailiés à Saint-Pol, rédigeront leurs propres cahiers de doléances. 31 janvier 1790. Roscoff devient une commune autonome. Mais n'est guère acquise aux idée nouvelles. C'est à cette époque que le calvaire de Kerguennec vole en éclats. On arrête aussi un certain René Le Borgne, surpris faisant du catéchisme au manoir voisin de Kerestat.

( A SUIVRE )