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Quand Chevalier-Créach menait la fronde des marchands de vin

Le 11/11/2019

Chevalier-Créach, de Saint-Pol de Léon, fut le fer de lance en novembre 1909 des débitants et tonneliers de la région de Morlaix qui protestaient contre des impôts nouveaux. Le compte-rendu par la Dépêche.

La manifestation des négooiants en vins et des débitants, ainsi que nous l'avons annoncée, a eu lieu aujourd'hui. Dès 1 h. 30, la salle de la mairie était archi comble. Au bureau, se trouvaient M. Person, président du syndicat des marchands de vins de l'arrondissement; E. Le Marchant de Trégon, négociant ; le délégué du détail, M. Le Picart, propriétaire du Café de la Terrasse; le délégué des patrons et ouvriers tonneliers; Tieulcin et MM. F. Laurent, de Landivisiau et Chevalier-Créach, de Saint-Pol de Léon, vice-présidents du syndicat des marchands de vins. Derrière, contre le mur,
une bannière où l'on lisait, sur un côté : « Egalité pour tous, pas de privilèges » et de l'autre côté : « Pas d'impôts nouveaux, suppression du privilège des bouilleurs de crû. »
M. Person, président du syndicat, remercie les manifestants d'avoir répondu en si grand nombre à l'invitation qui leur a été adressée.
Nous allons maintenant, dit-il, remettre à M. Caries, sous«préfet, la supplique que M. Chevalier-Créach va nous lire. M. Chevalier-Créach, donne lecture de la supplique ci-dessous :
« Monsieur le sous-préfet,
« Nous venons, au nom des 84 membres du syndicat du commerce des vins en gros de la circonscription commerciale de Morlaix ; au nom de tous les hôteliers, cafetiers, débitants de boissons, employés, voyageurs, ouvriers, dont les protestations se suivent à l'adresse de nos représentants à la Chambre; au nom des patrons et ouvriers tonneliers de Morlaix, dont l'industrie est
particulièrement menacée : Vous prier de faire connaître à M. le ministre de l'Intérieur et à M. le ministre des Finances, nos justes appréhensions, aussi bien que nos vives protestations contre les propositions de la commission du budget, nous menaçant de nouvelles impositions fiscales devant (?) produire 67 millions.
« La plus importante de ces dispositions serait la majoration des droits sur l'alcool, portés de 220 à 260, soit, 40 fr.; la loi du 29 décembre 1900 les avaient déjà majorés de 56 fr. 75. Soit en neuf ans une aggravation de charges de 96 fr. 75. Depuis dix ans, nous sommes frappés à chaque budget, de quelques mesures vexatoires nouvelles. Si tous les Français étaient réellement égaux devant l'impôt, les 67 millions demandés à notre bourse seraient promptement trouvés 1 II ne nous appartient peut-être pas, d'indiquer où s'adresser pour trouver la somme nécessaire pour équilibrer le budget.
« Cependant tout le monde le crie dans diverses régions de la France : chez les bouilleurs de crû. Ces heureux citoyens sont au nombre de 1.537.705 et ne sont nullement contrôlés. Combien de millions et de millions encore qui sont dérobés au Trésor chaque année ou plutôt au commerce honnête, qui paie toujours. Nous terminons cette communication par une observation très
grave : L'application de ces nouvelles impositions si elles étaient votées par les Chambres, causerait la ruine de beaucoup de petits commerçants, atteindrait fortement certaines maisons de gros ét tous les autres verraient la fin des gains licites et honnêtes.
« Une autre considération qui se réalisera très certainement : ce sera un fléchissement Irës sensible dans la consommation, et le renouvellement, de ce qui s'est passé depuis l'application de la loi du 29 décembre 1900 qui est restée inopérante. En effet, il a été officiellement constaté que la diminution de la consommation taxée a atteint 25 % pendant la période 1899-1908. La suppression du privilège des bouilleurs de crû, serait non seulement une source de recettes qui équilibrerait le budget, mais surtout une loi juste et équitable digne du gouvernement de la République.
Nous vous offrons, monsieur le sous-préfet, nos plus respectueuses civilités.» (Suivent les signatures.)
La lecture terminée, le président dit : « Approuvez-vous les termes de la letrre à M. le sous-préfet ? — Oui ! oui I — Etes-vous d'avis... — Oui, oui ! — Nous allons maintenant déposer à la sous-préfecture nos revendications. — Oui ! oui ! Et parmi les oui ! oui ! c'étaient surtout ceux qui sortaient de la bouche des femmes, qui étaient nombreuses, qui étaient lancés avec le plus de force. M. Chevalier-Créach, donne lecture de la lettre de M. Ch. Le Febvre, maire de Morlaix, qui recommande aux manifestants de ne pas troubler l'ordre. Ce conseil a été suivi en tout points. Ça a été une manifestation digne et imposante, sur laquelle tous les manifestants de l'avenir devront prendre exemple. Pas un cri discordant, — et chose à signaler — pas un pochard.
On se dirige vers la sous-prérocture par la rue d'Aiguillon et la rue Ange de Guernisac, ayant en tête la pancarte : « Egalité pour tous ! Pas de priv èges ! pas d'impôts nouveaux ! Suppression des bouilleurs de crû. Un millier de manifestants se trouve assemblés devant la sous-préfecture Le bureau : MM. Person, Laurent, Chevalier-Oréac'h: MM. Coulan, Branellec, Lo Goff Le Gac-Bozellec. Merrien, Tanguy, Souètre, Larher Souvestre et M. Dieulcin délégué des patrons et ouvriers tonneliers sont introduits
devant M. Caries, sous=prêfet, qui les reçoit avec sa bonne grâce coutumière. Le président M. Person, remet à M. le sous-préfet la lettre de doléances citée d'autre part. M. Caries répond qu'il transmettra à M. le préfet, leurs revendications, en appuyant sur leur démarche digne et pacifique. M. Person remercie le sous-préfet au nom du syndicat du commerce de détail et des tonneliers. M. Dieulcin, au nom de la corporation des tonneliers, dit que la nouvelle loi serait un arrêt de mort pour ies tonneliers de Morlaix, qui font presque exclusivement la futaille fine, qui sera fatale, ment frappée par l'exigence des vignettes.
Un délégué, (M. Laurent) : Nous n'aurions plus le droit de mettre en tonneau il faudrait mettre tout en bouteillet et comme Morlaix fait spécialement la futaille fine, ce serait l'arrêt de mort de la tonnellerie morlaisienne.
M. le sous-préfet dit que M. Cloarec, député, a reçu une lettre du syndicat au sujet des revendications do commerce des vins. M. Laurent répond que c'est une circulaire qui a été adressée à tous les députés.
M. Branellec : Si la lettre a été jugée comminatoire, nous nous réservons de la faire au beçoin devenir comminatoire.
M. le sous-préfet : La lettre n'a pas été trouvée comminatoire par M. Cloarec, c'est en riant qu'il me l'a dit, et il sera le premier à soutenir vos revendications, car il ne sait pourquoi les commerçants en vins seront toujours surchargés d'impôts et les bouilleurs de crû pas.
M. Laurent : Si ces impôts nouveaux étaient votés, le commerce de vins ne serait plus possible; autant vaudrait aller casser des cailloux sur les routes.
M. Chevalier-Créac'h : Voudriez-vous, monsieur le sous-préfet, venir répéter aux manifestants qui sont -là, dans la rue, la bonne parole que vous venez de nous dire ?
M. le sous-préfet : Bien volontiers.
Les délégués et M. le sous préfet descendent dans la rue. M. Caries, s'adressant aux manifestants dit : « Je viens de recevoir du bureau du syndicat des marchands de vins et de la corporation des tonneliers de Morlaix leurs revendications au sujet des nouveaux impôts. Je leur ai répondu que par moi-même je n'y pouvais rien, mais que je transmettrai leurs revendications à M, le préfet du Finis-tère. Je lui dirai que votre manifestation a été calme, digne, et soyez assurés, que nous ferons tout notre possible pour vous donner satisfaction. » On répond : « Merci ! Bravo !»
Et les manifestants et manifestantes, toujours calmes et dignes, retournent à l'hôtel de ville déposer la bannière revendicatrice et se dispersent dans tous les coins de la ville pour prendre
quelques consommations àb on compte, avant que M. Cochery les fasse renchérir.

La mort tragique d'Albert Chevalier

Le 11/11/2019

Epoux de Reine Créach, Albert Chevalier fut une personnalité de Saint-Pol. Il fréquentait Kerhoant. Et Kerhoant fréquentait son entrepôt de vin. Sa mort tragique le 2 janvier 1934 :

Hier après-midi, vers 13 h. 40, un agent du service d'électricité de la voie ferrée découvrait, entre La Forest et Kerhuon, exactement au kilomètre 010 et à environ 1.500 mètres de La Forest (direction Landerneau), le cadavre d'un homme étendu entre des deux voles. Il avait une partie de la face emportée et les jambes brisées à hauteur des genoux. Le cheminot alerta aussitôt le chef de gare de Kerhuon, qui avisa la gendarmerie de Landerneau, le maire de Guipavas et !e docteur Lavenant. Peu après, M. Courtin. commissaire spécial adjoint à Brest, était également alerté. Accompagné de M.M. Bothorel, chef de district, et l'inspecteur des chemins de fer de l'Etat, il se rendit sur les lieux pour procéder aux premières constatations.

L'enquête
 

Dans les vêtements du défunt, on découvrit des papiers d'identité au nom de M. Albert Chevalier, âgé de 69 ans, négociant en vins à Saint-Pol-de-Léon, président du syndicat d'initiatives de cette ville et vice-président de la Chambre de commerce de Morlaix. Dans la poche du gilet se trouvait un billet de chemin de fer de 2e classe, valable pour le parcours Morlaix-Brest. D'après les premiers renseignements recueillis, il résulte que M. Chevalier avait quitté Saint-Pol-de-Léon à 10 h 15 pour Morlaix, dans le but d'aller présenter ses vœux.à M. Rams, président de la Chambre de commerce. Il devait ensuite visiter une des « Michelines » dont le premier voyage, entre Brest et Morlaix, avait eu lieu la veille. Pour une raison qui n'a pu encore être établie, M. Chevalier se rendit à la gare de Morlaix et prit, à midi 20, le train 5231 en partance pour Brest. Entre La Forest et Kerhuon, au mo-ment ou le convoi atteint la vitesse de 70 kilomètres, M. Chevalier se rendit à la toilette, après avoir déposé son chapeau sur la banquette de son wagon de 2e classe. Il voulut ensuite regagner son compartinfent; mais, au lieu d'ouvrir la porte du couloir, le voyageur poussa celle donnant accès sur la voie, et tomba sur le ballast. Personne, dans le compartiment, ne s'était aperçu de l'accident. A l'arrivée du train en gare de Brest, une voyageuse prévint un employé qu'un chapeau — celui de M. Chevalier — se trouvait sur la banquette du compartiment occupé, quelques minutes avant, par le défunt. M. Chevalier, qui était président du Conseil d'administration de la Société d'éclairage électrique, de Saint-Pol-de-Léon, délégué-cantonal et membre de sociétés diverses, jouissait de la sympathie générale. Nous présentons à sa famille nos bien sincères condoléances.

Le Dr Jagu

Le 10/11/2019

  Le Dr Jagu était fils d'un capitaine originaire du Morbihan, chevalier de la Légion d'Honneur. Etabli à Saint-Pol,il se maria successivement avec deux sœurs Créach et fut un homme de gauche.
Le Courrier du Finistère, organe de propagande catholique, publie en juin 1892 l'article suivant :
Le Docteur Jagu, docteur-médecin et chef du parti opportuniste de St-Pol de-Léon. envie sans doute A M. Proudhon l'hon­neur de remplir nos colonnes de sa prose. Nous avons reçu samedi dernier la lettre suivante où le célèbre docteur vante tout A la fois son talent et sa charité, sans répondre directement aux critiques que nous avons formulées contre lui. Le D' Jagu a trouvé sans doute l'occasion bonne de battre un petit coup de grosse caisse en faveur de son cabinet et il réclame l'hospitalité de nos colonnes : nous serions en droit de mettre au panier une lettre quelque peu impertinente, mais le Courrier ne craint pas la riposte quand il attaque un adversaire : voici la lettre :
« A Monsieur le Rédacteur en chef du Courrier du Finistère, Brest. Dans votre n° du 28 mai 1892 se trouve un article intitulé : « Les désordres de Santec », qui contient sur cer­tains faits électoraux des appréciations malveillantes dont je n'ai cure; mais qui soulève ainsi une question médicale a laquelle je dois une réponse. Vous écrivez en effet, à propos d’une rixe qui a eu lieu le dimanche 15 mai, à Santec, entre un sieur Le Gain et un nommé Tanguy. « La tête de Tanguy porta sur un gros galet et le crâne se fendit. Aussitôt le sang jaillit par la bouche, le nez et les oreilles, on alla quérir un médecin. M. le Dr Jagu s'empressa de venir soigner le blessé, mais il s'est bien gardé de prodiguer ses visites comme à Mespaul à l'occasion d'un semblable accident dont nous parlons aujourd'hui. A Santec, le coupable est un opportuniste et non un prêtre. De plus un pauvre hère..."
 

 

Puis quelques lignes plus loin : « Aujourd'hui le blessé est hors de danger sans que le Dr Jagu ait fait pour 500 fr. de visites. »

» En un mot, vous avez voulu éta­blir identité entre les lésions de Tan­guy et celles de Mingam, la victime du curé de Mespaul.» C est là, monsieur, de la perfidie au premier chef.

Oui, chez Mingam, le sang a jailli par le nez, la bouche et les oreilles. Il y a eu en plus écoulement du liquide céphalo-rachidien par l'oreille -Pourquoi avoir oublié dans votre parallèle ce dernier symptôme ?) C'est à dire qu'il y a eu fractures de la base du crâne (fractures de l'occipital et du rocher).
Chez Tanguy, pas une goutte de sang n'a jailli, ni par le nez, ni par la bouche, ni par l'oreille. Il y a eu une simple plaie du cuir chevelu, pas l'ombre d'une fracture. Autrement dit, chez l'un il y a eu blessure à pronostic des plus sombres ; chez l’autre, une lésion à pronostic de la plus entière bénignité. Sont-ce la des accidents de semblable nature, comme vous le dites et l'écri­vez. Pourquoi donc ces mensonges ? Pour exécuter votre programme : ca­lomniez, il en restera toujours quelque chose, et surtout pour essayer de me nuire. Pour essayer de me nuire, lorsque vous insinuez que le coupable est un pauvre hère et non un prêtre... que je n’ai pas fait au blessé Tanguy pour 500 francs de visites, etc. Eh bien, Monsieur, si Tanguy eut eu besoin de 1,000 francs de visites, je me serais empressé de les lui faire. Apprenez que la médecine est le premier des sacerdoces, qu'elle Ignore le pauvre et le riche, qu'elle commence par soigner et ne connait que le malade et vous m'obligez à vous le dire si, personnellement, j'ai pu rendre quel­ques services chirurgicaux, c’est le pauvre qui en a surtout profité et j’espère qu'il en bénéficiera encore. Cela vous gêne même peut-être que j’aie soulagé parfois des infortunés., Cela vous gêne, surtout, que |e sois honoré d'une certaine confiance. C'est qu'à Santec, comme à Mespaul, je pra­tique de la médecine loyale, honnête et aussi dévouée que possible ; que le pauvre comme le riche me trouve tou­jours à sa disposition. J'entre chez les gens par la grande porte, jamais par escalier de service. Celui qui me l'indiquerait, serait du reste mal venu. Faites donc aussi de la polémique loyale : Cessez calomnies et petits moyens qui ne trompent, croyez-le bien personne. Je crains toutefois que cela ne vous soit difficile.» Veuillez agréer Monsieur le Rédac­teur en chef, l'assurance de ma parfaite considération.» Dr A. Jagu PS Je vous prie et au besoin vous requiers d'insérer ma réponse dans votre prochain numéro.» Dr A. Jagu »
Voilà qui est fait, le Dr Jagu va être content ; mais le Diafoirus opportuniste se moque des bonnes gens de Santec en disant que : « Chez Tanguy pas une goutte de sang n’a jailli ni par le nez, ni par la bouche, ni par l'oreille. En effet chez Tanguy le sang ne sor­tait ni de la bouche, ni du nez, etc., mais de la plaie au cuir chevelu, plaie assez profonde puisqu’il était inondé de sang et dans un tel état qu'on courut chercher le prêtre pour lui donner les Sacrements. Le D' Jagu n’arriva, lui, que deux heures après l'accident I! Il dit que nous avons voulu lui nuire. Vraiment non et l'insertion de sa longue lettre en est la preuve. « La médecine » est le premier des sacerdoces, dit-il ; et il ignore le pauvre et le riche. » Voilà de bons sentiments qui lui font honneur et qu'on ne lui connaissait pas encore ; tout St-Pol va être émer­veillé. Le D' Jagu mérite donc le titre de « Médecin des Pauvres »; déjà à St- Pol on lui a donné celui de « Médecin des hydropiques », personne ne s'en­tendant mieux que lui à découvrir une hydropisie ignorée. Enfln, à St-Pol l'autre jour, on me demandait si le Dr Jagu n’allait pas se retirer après fortune faite, les hono­raires de la maladie Mingam ayant dû lui laisser quelque bénéfices. On dit en effet que l'éminent Docteur aurait acheté une auberge maintenant à son nom : il serait donc tout à la fois méde­cin et aubergiste : c'est vraiment trop d'honneur. Comme je ne suis pas très au courant des faits de mon honorable correspon­dant, je lui renvoie la question : les colonnes du Courrier lui sont ouvertes. Tout St-Pol attend ses explications.A défaut de malades, it ne doit pas avoir tous les jours la bourse d’un curé à saigner : je suppose qu'au milieu de ses nombreuses occupations il trouvera encore le temps de m'écrire. — A. D.

L'abbé Yves Moal

Le 08/11/2019

Notre enquête progresse concernant l'abbé Yves Moal, martyr du 6 juin 44.  Aux AD29, M. Léoni a retrouvé son acte de naissance. Il est né à Kergoff (prononcez Kego), ferme de Saint-Pol toute proche de Kerhoant, le 6 juillet 1922, de Jean-Marie Moal, Cultivateur de 48 ans, et de Marie-Jeanne Carrer, cultivatrice de 38 ans. Jean-Marie Olier, commerçant de la rue du Colombier et Joseph Milin, cultivateur de Kerzéniel, Plougoulm, déclarèrent cette naissance à François du Halgoët, adjoint au maire.

Un frère d'Yves, François Moal, se serait établi dans le Lot-et-Garonne où il aurait descendance. Rappelon que la présidente de l'association qui rend chaque année hommage à l'abbé Moal cherche à contacter sa famille...

Moal : avis de recherche

Le 04/11/2019

Régine Jacquemin est la présidente de l’Association du Maquis de Corcieux.  Originaire de Saint-Pol, l’Abbé Yves MOAL faisait partie de ce réseau de résistants et a été martyrisé le 6 juin 44, jour du Débarquement. Chaque année, l'Association organise une cérémonie à sa mémoire, sur sa stèle, là où il a été fusillé après avoir été torturé. Elle cherche a retrouver des membres de la famille Moal qui étaient maraîchers durant la guerre. Qui peut l'aider ?

 

Le chevalier de Fréminville

Le 03/11/2019

Le chevalier de Fréminville est venu à Kerhoant dessiner le manoir. Il le représente pillé par les troupes du général Canclaux. Nous avons épluché tous les interrogatoires menés après la batialle de Kerguidu au moment des révoltes léonardes. Aucun document ne relate le sac de Kerhoant. Voici ce qu'écrir La France Pittoresque à propos du chevalier qui dut faire sensation en attivant dans la ferme...

Monsieur Fréminville était un officier de marine qui avait parcouru le monde entier, ainsi qu'un des grands archéologues de la Bretagne. C'était également un savant éminent qu'on venait parfois voir de fort loin et on comprend l'étonnement des visiteurs qui n'étaient pas avertis : « Au lieu du vénérable savant à lunettes qu'on imaginait, écrivit G. Lenotre, on voyait paraître une femme mince et minaudière, vêtue d'une robe de soie, coiffée d'un chignon à la maréchale, une mouche sur la joue rasée de près et fardée ; les favoris blancs du vieux loup de mer se dissimulaient sous les rubans roses d'un bonnet à fleurs, pomponné de noeuds de dentelles rares. » Fréminville était parfaitement conscient de l'étonnement de ses concitoyens et il essayait beaucoup de se justifier. « C'est une simple manie, disait-il, aussi innocente à satisfaire que les autres manies. » Son travestissement n'avait en effet pas de signification spéciale et le Chevalier était absolument normal. C'est là un point important pour comprendre son histoire.
En fait, il était sans doute « traumatisé » par un événement affreux qu'il avait vécu lorsqu'il était jeune et se trouvait lieutenant de vaisseau sur la Néréide. Un jour le bateau séjourna aux Antilles, et plus précisément aux Saintes. Fréminville, passionné d'histoire naturelle, passait ses journées à s'intéresser aux plantes, aux insectes, aux coquillages. On l'avait surnommé Monsieur Coquille ou Monsieur Papillon. Il ne regardait même pas les jolies créoles de l'île. Il menait une vie qu'il trouvait passionnante jusqu'au jour où, en essayant de cueillir une branche de corail, il manqua se noyer. Après avoir été roulé par les vagues et projeté sur des rochers, il se réveilla dans une jolie chambre. Il avait été recueilli par une jeune et riche veuve qui vivait là avec sa soeur Caroline.
Sa convalescence fut agréable et rapide. Il passa des moments délicieux à se promener,à parler ou à écouter de la musique... et, on s'en doute, était devenu très amoureux de Caroline lorsque brutalement il reçut l'ordre de rembarquer. On était alors en 1822, le Romantisme faisait ses premiers pas et Caroline tomba évanouie en apprenant la nouvelle. Puis elle passa des jours et des mois sur la plage à guetter le retour du bateau. Un jour, enfin, elle vit la Néréide au loin, mais le navire n'approcha pas de l'île et poursuivit son chemin : il avait encore une certaine mission à remplir.
Lorsqu'un peu plus tard, Fréminville revint aux Saintes, il se dirigea vers la maison de Caroline. Il entra, mais il n'y avait personne. En passant près du cimetière, il vit une tombe toute fraîche. Sur la dalle se trouvait gravé le nom de celle qu'il aimait. Elle avait cru que le bateau ne reviendrait plus jamais et elle s'était noyée le soir du 3 novembre 1822 en tenant serrées contre elle les lettres qu'il lui avait écrites.
Fréminville tomba malade, il eut une fièvre très violente, il délira plusieurs jours. On eut peur qu'il perde la raison. Une fois guéri, il semblait normal mais, en retournant à Brest, il rapportait avec lui la robe avec laquelle on avait retrouvé Caroline. Et cette robe, il lui arrivait souvent de la vêtir. Il en arrivait parfois à se croire être la jeune fille qu'il avait aimée, comme s'ils ne formaient plus qu'un. Il signait souvent Caroline et écrira même un petit livre sous ce nom. « Parfaitement raisonnable sur tout ce qui concernait et sa profession et la science, écrira Lenotre, il était devenu fou du seul amour qu'il avait connu. » On le verra même signer ses lettres La chevalière de Fréminville.

L'abbé Moal, martyr du D-Day

Le 29/10/2019

Cet avis de décès a été retrouvé dans les archives de Kerhoant. La ferme commerçait sans doute avec la famille Moal, maraîchers sur qui ont aimerait en savoir plus.

Yes MOAL est né le 26 juillet 1922 à Saint-Pol de parents sont maraîchers.     
Elève du Séminaire des Missions Etrangères de la rue du Bac à Paris, l'abbé Moal avait comme condisciple Gaston Moulin, de Corcieux. Corcieux où, pour échapper au STO, ils vont se cacher dans la famille de Gaston et de là passer dans le maquis. C'est le seul qui, le jour du Débarquement, entreprend une offensive de diversion contre l'Occupant avec les armes qui lui ont été parchutées. Voici ce qu'en dit l'association Maurice Vissà (Son site)

"En cette après-midi pluvieuse et froide du 6 juin, ils avancent péniblement sous les feuillages mouillés, en s’égarant dans les bois de SARUPT. L’Abbé, très myope, qui a malencontreusement perdu ses lunettes, suit difficilement son compagnon. A la nuit tombante, ils demandent asile à la ferme des parents de René, à la Côte.
Après avoir pu se changer, les jeunes gens s’attablent. La quiétude est revenue dans ce foyer où tous se croient en sécurité.

Mais des coups de feu éclatent, faisant fuir les deux camarades, munis de leurs fusils, par une porte de derrière donnant sur la forêt. UNTERNEHR et MOAL sont près de gagner les bois, quand, à une croisée de chemin, ils sont capturés par une patrouille Allemande.

Conduits à CORCIEUX pour un premier interrogatoire, ils sont emmenés à l’Hôtel du Saumon à St LEONARD. Enfermés pendant une heure jusqu’à l’arrivée d’un général Allemand, ils sont roués de coups, torturés. Le témoignage de l’hôtelière d’alors, précisent avoir entendu les plaintes étouffées des malheureux. Elle a retrouvé les gourdins qui servirent à frapper et un découvert un plancher maculé de sang .

Sortis d'un camion placés dans la lumière des phares, les deux maquisards sont fusillés sur la route nationale, face au balcon de l’hôtel du Saumon. Une femme, de sa fenêtre, les vit tomber, l'abbé Moal tenant son compagnon par le cou comme pour le réconforter. Il était 23h et il pleuvait à torrent.

150 Allemands sont restés cantonnés à l’hôtel, perquisitionnant de la cave au grenier. A sept heures du matin, les deux corps sans vie gisent au milieu de la chaussée allongés, côte à côte. Méconnaissables.
Le Maire, M. COLIN, les fait transporter au local des pompes où une chapelle ardente est dressée.

Le 7 juin, à midi, parvient à La Côte, la funèbre nouvelle du triste sort de René UNTERNEHR. Ses parents craignaient le pire depuis la veille au soir.

Ils se rendent sur place pour reconnaître leur enfant, et c’est un cercueil qu’ils ramenent à CORCIEUX.
L’Abbé MOAL est inhumé provisoirement au cimetière communal. Son corps a été rendu à sa famille, où il repose maintenant dans sa Bretagne natale.

Pour conserver à la postérité les noms de René UNTERNEHR et d’Yves MOAL, morts pour la France à SAINT-LEONARD, quelques années plus tard une stèle a été érigée sur le lieu de leurs sacrifices, à l’initiative de M. L’Abbé VAIMBOIS, curé de SAINT-LEONARD qui l’a faite financée par des souscriptions publiques et des représentations théâtrales.

Chaque année, l’Association du Souvenir des Evènements du Maquis de CORCIEUX et la Mairie de SAINT-LEONARD rendent hommage à ces deux héros.

PASSANT SOUVIENS TOI
« Ils sont morts pour ta liberté »

Mathieu Cabioch

Le 28/10/2019

Le record de Mathieu Cabioch a-t-il été égalé ? A l'heure où nombre de nos concitoyens hésitent à solliciter un mandat électif, la famille Créach, du manoir de Kerhoant, compte parmi ses ascendants Mathieu Cabioch, de Roscoff. Né en 1801, il fut nommé conseiller municipal dans les premières années du règne de Louis Philippe. Après quoi, les Roscovites lui renouvelèrent sans cesse leur confiance si bien qu'en 1895, année de sa mort, il siégeait toujours, étant alors dans sa 94e année. Cinq ans plus tôt, il avait fêté ses noces d'or, entouré de ses cinq enfants encore vivants sur les douze qu'il avait eus d'Ursule Guivac'h, issue d'une grande famille de maraîchers. Près de 80 petits-enfants étaient présents.