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La Poste en Bretagne

Le 27/04/2024 0

Par Louis Ogès


« La poste, a dit Voltaire, est la consolation de la vie ; par elle, les absents deviennent présents. » On ne saurait mieux dire, mais nous aimons à croire que les Bretons d'autrefois avaient d'autres moyens de consolation, car, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, le service des postes était à peu près inexistant dans notre province.

Un historique de la Poste aux lettres en Bretagne, auquel cet article doit beaucoup, a été écrit par D. Bernard, l'érudlt Quimpérois dont les travaux et les grandes connaissances bibliographiques sont très appréciés des historiens et des chercheurs. Les milieux bretonnants n'apprendront pas sans Intérêt que Daniel Bernard travaille à une bibliographie complète des oeuvres en langue bretonne parues Jusqu'à ce jour.

A l'imitation de Louis XI, les ducs de Bretagne créèrent pour les besoins de la Cour une première organisation postale. Leurs messagers éprouvaient les plus grandes difficultés à remplir leur mission par suite du mauvais
état des routes. Le bon fonctionnement du service des postes est en effet subordonné à l'existence de voies de communications praticables et sûres.
Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, nos chemins étaient dans un état si déplorable que la circulation des voitures y était impossible en hiver. Pendant la Guerre de Sept ans, les opérations militaires nécessitées par les débarquements des Anglais en Bretagne firent apparaître l'insuffisance des moyens de communication. Le duc d'Aiguillon, gouverneur de la province, entreprit alors la création d'un important réseau routier. C'est à dater de cette époque que le service postal prit quelque extension en Bretagne.

Jusqu'au XVIIe siècle, les seigneurs et les riches marchands faisaient parvenir leurs messages par des cavaliers armés qu'ils payaient à cet effet. La petite bourgeoisie et le peuple étaient réduits à ne point écrire ou à confier
leurs lettres aux roullers ou aux colporteurs qui parcouraient le pays.
Mentionnons que, bien avant la création des courriers, l'Université jouissait pour son usage particulier d'un service spécial de messagers, un au moins par diocèse. Ces messagers assuraient les relations des étudiants avec leurs familles.Ils se présentaient dans les collèges pour remettre la correspondance destinée aux « escholiers » et prendre les lettres que ceux-ci écrivaient à leurs parents. Les messagers universitaires étaient la providence des
étudiants bretons se rendant à Rennes, à Nantes, à Orléans ou à Paris pour y poursuivre leurs études: Ils les véhiculaient Jusqu'à leur école. On peut donc dire que ces messagers furent des auxiliaires précieux pour la diffusion de l'instruction.

A partir de 1672, les Postes furent affermées à des traitants au fermiers qui eurent le privilège du transport de la correspondance. Les bureaux de poste de cette époque n'avaient aucun rapport avec nos bureaux actuels. Ils comprenaient une écurie, une remise et un local où l'on déposait la correspondance. Ce local ouvrait seulement aux heures de départ et d'arrivée des courriers. Le gérant ne distribuait pas les lettres; ceux qui en attendaient
allaient les chercher eux-mêmes. C'était, en somme, l'extension généralisée du service actuel de la poste restante.

La lenteur des courriers était telle qu'en 1775, des troupes à pied venant de Rennes arrivèrent à Saint-Pol-de-Léon plusieurs jours avant les lettres annonçant leur arrivée, de sorte que rien ne se trouva prêt pour les recevoir. Au XVIe siècle, une lettre mettait huit Jours pour aller de Rennes à Paris.

Sous Louis XVI, un seul courrier partait chaque lundi de Rennes pour Quimper. Un autre courrier partait pour Brest le mercredi et, au passage, desservait Morlalx. Un troisième desservait Carhaix. Dans la Cornouaille et
le Léon, ces quatre villes étaient seules à posséder un bureau de poste. Chaque localité importante rétribuait un courrier à pied ou à cheval chargé de prendre les lettres à leur arrivée à Brest, Morlalx, Quimper ou Carhaix.
Le piéton qui transportait et distribuait ies lettres de Quimper à Rosporden ne savait pas lire et devait se faire aider par des personnes bénévoles. Quant à l'honnêteté des préposés au transport, elle était sujette à caution. Le courrier de Morlaix s'appropriait le montant du port des lettres qui lui étaient confiées; il fut condamné à servir à perpétuité sur les galères du Roi, après avoir été marqué sur l'épaule droite d'un fer rouge portant l'empreinte des trois lettres G. A. L.

A cette époque, les philatélistes ne s'adonnaient pas encore à leur passion de collectionneurs pour la bonne raison que les timbres-poste n'étaient pas inventés. Un tarif spécial, payable au départ, était fixé pour le transport des
lettres; il variait avec la distance. Sous Louis XV, de Rennes à Paris, on payait 9 sols, ce qui correspondrait à environ 40 francs de notre monnaie De Paris à Brest ou à Quimper, le tarif était de 10 sols. De Morlalx à Quimper on payait 4 sols.

Les facteurs n'apparurent que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. En 1770, la distribution était assurée à Brest non par des facteurs, mais par deux factrices.

Le timbre-poste n'a été usité en France qu'à partir du 1" janvier 1849.

Louis Ogès

 

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