4 décembre 1813. Sur rapport de l'ingénieur, le maire de Plougoulm publie un avis. « L'ingénieur, dit le maire, a saisi l'ensemble de la contestation, tant en démontrant le peu de fondement de la partie de la plainte de l'effet supposé du refoulement des eaux de Mérot à Kerautret. Il a, en même temps, proposé le moyen le plus expéditif et le plus dispendieux de faire droit aux autres parties fondées de cette plainte et de mettre un terme aux dissensions scandaleuses du détenteur du moulin de Kerautret, de Mérot et même de Kerhoant.»
En 1814, l'ingénieur Goury écrit au sous-préfet de Morlaix ses dispositions pour que nos trois moulins ne puissent se nuire réciproquement ni occasionner un refoulement des eaux capable de préjudicier aux propriétaires riverains. Cette longue enquête préfectorale a abouti à un arrêté du représentant de l'Etat. Le préfet considère notamment « qu'il est constant que la retenue des eaux dans le bief du moulin de Merrot nuit au mouvement des roues et conséquemment à l'usine de Kerautret. Que l'usine de Merrot éprouve la même gêne de la part du moulin inférieur (autrement dit Kerhoant) et qui si l'on diminuait la hauteur de sa retenue sans diminuer celle de ce moulin inférieur, on annulerait absolument cette usine qui serait réduite à une inaction à peu près complète. Que ce moulin inférieur, dit de Kerhoent, n'éprouve aucune espèce de gêne de ceux qui sont au-dessous et que ses roues libres en tout temps n'ont pas besoin, pour être mues, d'une aussi forte retenue, attendu qu'elles n'éprouvent aucune résistance, aucun frottement étranger à ceux des rouages de l'usine...»
Alors, la retenue des eaux du Merrot a-t-elle vraiment provoqué les dégâts dénoncés par la Dame de Keratry ? C'est physiquement impossible, assure l'ingénieur. Ce sera en tout cas au tribunal compétent de se prononcer. Le préfet estime avant tout qu'il importe de rétablir ces trois usines dans des rapports qui les empêchent de se nuire réciproquement, « ce qu'on peut faire à moindre frais possibles, attendu qu'il ne s'agit pas ici de constructions nouvelles...»
Parmi les quatre articles de son arrêté, le préfet ordonne ça et là des modifications quant aux hauteurs des vannes. Pour Kerhoant, celles de décharge servant de déversoir « seront réduites de cinquante centimètres au moyen de quoi la roue du moulin de Merrot immergée aujourd'hui de soixante-cinq centimètres ne le sera plus que de quinze centimètres, moins que l'épaisseur de la jante, ce qui rendra son mouvement très facile et lui fera trouver sous ce rapport plus qu'elle ne perdra sous le rapport de l'action...» Il en coûte alors 66 francs et 67 centimes à chaque moulin pour les frais de cette étude et ceux nécessités par un nouveau déplacement visant à vérifier l'application effective de l'arrêté préfectoral.
1824 : Guillaume Le Déroff, meunier, décède au moulin de Kerautret. Elisabeth Le Saout, sa femme, le suivra en 1835.
En 1836, la population du moulin l'Evêque se compose ainsi : Rolland Quéau, 37 ans, meunier, Jean Le Déroff, 25 ans, Renée, 23, Jacques 17, Jeanne, 15, Gabriel, 13, Yves, 12, idem. On compte encore Jacques, Marie, Rolland, Marie-Renée et Célestin Quéau, âgés de 2 à 8 ans. Domestiques : Ollivier Quéméneur, Hamon Créach, Marie Glidic, Marguerite Créach, Guillaume Olier, François Traon. Et voilà que les Créac'h de Kerhoant jettent leur dévolu sur le moulin...
(A suivre)