Au fil des recensements

Depuis l'ancien régime...

26 Juillet 1795 (8 thermidor an 1er), les négociants et les cultivateurs vinrent au bureau municipal faire la déclaration de leurs marchandises ou de leurs récoltes. On note comme laboureurs à Kerguennec François Séité, un nom déjà cité en 1779 ou encore Claude Guivarc'h.

En novembre 1796, en quête de bois de chauffage, des soldats ent garnison à Roscoff enlevèrent toutes ses boiseries de la chapelle Bonne-Nouvelle, sise face à Kerestat. On s'en offusque.

Le 10 septembre 1797, on arrête à Kerestat le citoyen René Le Borgne qui faisait le catéchisme aux enfants du quartier. Un détachement le conduit à la maison commune. Mais comme il n'est point prêtre mais cultivateur, les édiles considèrent qu'il n'y a pas lieu de donner suite à cette affaire. A l'époque, un fermier, François Guyader, habitait le château proche de Kerguennec. Il se disait qu'il y cachait des curés et que des sacrements étaient administrés. Un jour, une patrouille pénètre à Kerestat sur les talons du fils de la maison. Un prêtre déguisé en paysan se trouve assis devant le feu. Le fils Guyader use aussitôt d'un stratagème en annonçant  ainsi au vieux curé l'arrivée des soldat :

— Tad coz ! Erru soudardet !

— Mad ! répond l'autre, Lez-hi...

Et nos soudards si bien accueillis laissèrent en paix Tad coz, autrement dit celui qu'ils prirent  pour le grand-père du gamin.

Sous Napoléon, Kerguennec reste peu peuplé. Le cadastre de 1809 nous montre six maisons. Le manoir et la ferme son séparés par un vaste espace, c'est cette étendue que l'on désigne sous le nom de Vilar Kerguennec. Curieusement, la seconde maison noble du lieu n'apparaît pas sur le plan d'ensemble.

En 1820, venue du Nord, la famille d'Herbais de Thun achète le manoir voisin de Kerestat. Domaine imposant qui englobera le manoir de Kerguennec. Quant à la petite ferme, elle appartenait au XIXe siècle aux Cazin d'Honincthun qui avaient aussi une maison près de l'actuelle mairie de Roscoff. La famille d'Herbais instituera dans le quartier une fête annuelle appelée là « Tirerie de lin ». La culture du lin prédominait encore sur les primeurs et son arrachage donnait lieu à des réjouissances où s'invitait l'aristocratie locale.

En 1832 meurt à Kerguennec Marguerite Guivarc'h, veuve d'Yves Nicol. Son fils Jean est cultivateur dans le village.

En 1834 meurt à Kerguennec Jeanne Chapalain, 80 ans, fille d'Olivier et Marie Nicol, veuve d'Hervé Créac'h. Deux de ses fils demeurent dans la ferme de Kerguennec, Claude et Jean ainsi que l'une de ses filles, Marie-Jeanne...

Au recensement de 1841 :

Claude Créach, fils d'Hervé et Jeanne Chapalain, époux de Marie Corre, fille de Paul et Anne Séité, ils se sont mariés le 15 juillet 1809. Total : huit personnes.

Jean Créach, cultivateur, époux d'Olive Corre, frère et sœur des précédents. Ils se sont mariés le même jour qu'eux. Neuf personnes.

La famille de Jean Péan, époux de Marie Séité. Cette famille, fondée le 12 novembre 1831, totalise huit personnes.

Jean Nicol, cultivateur, et sa femme, Thérèse Kerbrat. Cette maison abrite onze personnes dont Jeanne Creignou, domestique et Joseph Tanguy, cultivateur, époux de Jeanne Nicol. Jean Nicol est né en 1793 au Praterou et s'est marié en 1817 à Roscoff.

Jean-Marie Daniélou et sa femme, Marie-Jeanne Créach, sœur des deux Créach de la ferme de Kerguennec. Ce feu rassemble douze personnes.

Jean-Marie Creignou et sa femme, Jeanne Créach. Onze personnes vivent sous ce toit.

Marie Tanguy, veuve Dilasser, fileuse et sa fille, Jeanne Dilasser.

Pierre Ollivier, cultivateur et sa femme, Marie Péan. Un enfant. Marié Péan décédera en 1843 et la famille quittera Kerguennec.

Le 3 octobre 1844, André Séité, cultivateur à Kerguennec, se trouvant très avancé en âge, il lui est impossible de continuer d'exploiter les terres qu'il tient avec son frère François Séité. Voulant reconnaître les services que lui ont rendus Yves et Louis Séité, ses fil qui l'ont aidé, sans jamais de gage ni d'indemnités, il cède aux dits et Yves et Louis la moitié indivise du ménage, les meubles, ustensiles, chevaux et bestiaux, charrues...

Au recensement de 1846 :

La famille de Claude Créach, 60 ans, cultivateur, époux de Marie Corre, six enfants dont un fils, Jean-Marie, époux de Marie Séité.

La famille de Jean Créach, 65 ans, époux d'Olive Corre, cinq enfants et une domestique : Marie Jeanne Creignou.

La famille de Jean Péan, cultivateur de 43 ans, et sa femme Marie Séité. Sept enfants. Un domestique nommé Joseph Péan, 45 ans et son fils Pierre, âgé de 11 ans et demi.

La famille de Jean Nicol, cultivateur de 56 ans, époux de Thérèse Kerbrat, cinq enfants.

La famille de Jean-Marie Daniélou, 56 ans, époux de Jeanne Créach. Huit enfants.

La famille de Jean-Marie Creignou, cultivateur de 54 ans, époux de Généreuse Corre, 10 enfants.

Marie Tanguy, veuve Dilasser, 68 ans, fileuse et mendiante, en compagnie de sa fille, Jeanne Dilasser, 37 ans.

la famille d'Yves Quéré, cultivateur de 32 ans, époux de Marie Anne Nicol, deux enfants.

Cette famille semble avoir remplacé Pierre Ollivier et Marie Péan.

Plan de Kerguennec, cadastre de 1846, section C2 de Keravel On y voit le petit édicule carré en ruine, près de la route, et qui devait faire office de four à pain. Le garage, en parpaings apparents, n'est pas encore construit. Ni même le hangar en bois qui, en 2015, s'étiole avec le temps....

Au recensement de 1851 :

La famille de Claude Créach, 66 ans, cultivateur et fermier, marié à Marie Corre. Cette famille est composée de onze personnes. Claude Créach a un fils, Jean-Marie, marié à Marie Denise Séité. Ce couple totalisera pour sa part 13 enfants, nés pour la plupart à Kerguennec de 1846 à 1868.

La famille de Jean Créach, 60 ans, cultivateur, propriétaire et fermier, marié à Marie Olive Corre. Cette famille est composée de huit personnes. Jean Créach doit à son fils aîné 900 F pour ses besoins mais aussi pour rembourser l’État. Il a en effet payé pour faire remplacer l'une de ses fils, soldat de la classe 49. Une domestique : Adèle Creignou. Notons que les Derrien qui vont occuper la ferme de Kerguennec tout le XXe siècle sont issus de cette famille Créach

La famille de Jean Péan, cultivateur et fermier, 58 ans, marié à Marie Séité. Cette famille est composée de onze personnes. Elle ira s'installer par la suite Rue Corre, à Saint-Pol.

Jean Nicol et sa femme, Thérèse Kerbrat.

La famille de Joseph Tanguy, gendre des précédents, cultivateur et fermier, 36 ans, marié à Marie Nicol. Cette famille est composée de six personnes. La famille Tanguy s'établira par la suite à Troméal.

Le 1er mars 1857, Jean Créach meurt à Kerguennec. Il avait 75 ans. Son fils Claude reprendra un temps la ferme de Kerguennec avant de la céder à sa fille et son gendre.

15 octobre 1859 : mort de Jean Nicol, 67 ans. Témoins : son fils Jean-Marie ,32 fils ans et son gendre, Joseph Tanguy, 45 ans, tous deux cultivateur.

26 décembre 1862 : mort de Marguerite Kerbrat, veuve Jean Nicol.

Le 29 janvier 1864 meurt Marie-Jeanne Créach, veuve de Jean-Marie Daniélou. Les témoins sont ses gendres, deux cultivateurs, Jean-Marie Péron, 49 ans, et Louis Marchaland, 33 ans, établie à Kerguennec et prenant la suite de ses beaux-parents.

 Le 9 décembre 1877, à l’âge de 49 ans, meurt Jean-Marie Créach, époux de Marie-Denise Séité. Il était père de neuf enfants nés à Kerguennec.

La vie religieuse était rythmée par les grandes processions : deux pour la Fête-Dieu, celle du pardon de Sainte Barbe le 3e dimanche de juillet, celle de la mi-Août, pour le pardon de N.D. de Croas-Batz ou encore le pardon du Vil.Il y avait jadis des feux de joie dans les villages de Roscoff. Pour la Saint-Pierre, pour la Saint-Jean. On brûlait aussi quelques fagots pour saint Eloi, le patron des chevaux. Balancer neuf fois les enfants par dessus les flammes et crier Nao, tomma brao était l'assurance de les voir grandir. Après les prières du soir, récitant Pater et Ave, on faisait par trois fois le tour des cendres qui étaient mises aux enchères. Les villageois conservaient encore bien des superstitions. Comme la crainte de feux follets qui vous encerclaient près des lavoirs ou dans les bois, vous faisaient perdre votre route et vous retenaient toute la nuit durant. On appelait cette boule de feu le Gueler, dit encore an Kerc'her, l'encercleur... Le jour de la Quasimodo, les enfants allaient de maison en maison recueillir la vaisselle ébréchée. Que l'on cassait ensuite à coups de bâtons en s'en donnant à cœur joie. Le dimanche, les jeunes de Kerguennec vont jouer aux boules à Kerestat. La galoche était aussi de mise.

( A suivre )

Date de dernière mise à jour : 27/09/2021

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