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Les Créac'h achètent le moulin de Kerautret

Un temps, les occupants du manoir de Kerhoant eurent trois moulins sur leur territoire. Le grand moulin de Kerhoant proprement dit, celui de Kermerrot, enfin Milin-an-Eskop dont ils furent propriétaires. Peu de temps...

Kermerot sur le plan d'assemblage de 1848. En bas, sans indication des constructions, Milin-an-Escop.

7 octobre 1837, Joseph Créach, conseiller municipal et son frère, Claude Créach, quittent le manoir de Kerhoant pour se rendre à l'étude de Me Miorcec, alors maire de Saint-Pol de Léon. Déjà locataires des moulins de Kerhoant et du Merrot, ils entendent accéder à la propriété. Le moulin l'Evêque est mis aux enchères de même que divers biens Le procès-verbal :

En date du 7 octobre 1837, devant Miorcec, «ont comparu Jean Louis Hervé de Chefdubois, propriétaire demeurant à Saint Pol de Léon, agissant comme mandataire de M Pierre Victor de la Haye, vicomte de Plouër, ancien lieutenant de vaisseau, chevalier de l'ordre royal... et dame Ernestine Le Gobien, domiciliés à Saint Malo.

Désignation

Article 1er. En la commune de Saint Pol de Léon, le moulin de Kerautret ou de l'Evêque, avec ses tournants, moulants et ustensiles consistant en une maison manale couverte d'ardoises avec chambre au-dessus, la maison du moulin aussi couverte d'ardoises, chambre sur terre, une crèche à vaches au nord de la maison manale, une petite soue à cochons, une petite écurie et une loge, le tout couvert en gleds, cinq près fauchables s'entrejoignant, un petit bois taillis et deux petites garennes aussi s'entrejoignant avec toutes les dépendances du moulin à l'exception d'une grange servant aussi d'écurie situées entre la prairie et le canal qui conduit l'eau au moulin ayant 11,33 m de long 4,30m de large et 3m de haut, laquelle a été construite par les fermiers à leurs frais si ce n'est que le propriétaire a fourni le bois de charpente...»

«2) à Plougoulm, un petit lieu près de la chapelle de Ste-Anne consistant en une maison principale, deux chambres et sur terre, les trois couverts de gleds, petit jardin, un grand champ de terre dit Parc-ar-Foen, autre champ dit Parc-ar-Feunteun, le tout tenu à ferme par Roland Quéau.

Article second. Le lieu dit Kerverot, en Plougoulm consistant en une maison et logements, terres chaudes et froides affermées à Roland Quéau.

Article troisième. Le bois taillis de Kerautret, en Plougoulm, figurant au cadastre sous les numéros 261, 262, 263 de la section C affermés à Charles Kerbrat, François Quimerch et Hervé Léon.

Les bois ci-dessus appartiennent à Dame Ernestine Le Gobien pour les avoir reçus de Nicolas Le Gobien et dame Julie Marie Jeanne Fortunée de Penfentenyo de Cheffontaine1.

Charges et conditions

... 4) ils maintiendront les baux actuels à moins que les fermiers ne donnent lieu à les faire résilier.

Réception des enchères et adjudication.

Article 1er - Le moulin de Kerautret ou de l'Evêque et le petit lieu près de la chapelle Ste Anne en Plougoulm. La mise à prix pour cet article est de 15.000F et chaque enchère de 100 F. Deux bougies sont allumées et éteintes sans enchères. Une troisième pendant la durée de laquelle, après enchères successives, une dernière portée par Joseph Créach a élevé le prix à la somme de 17.200 F. Adjugé au dit Joseph Créach. Laquelle adjudication a été acceptée par Joseph Créach qui a déclaré agir tant en privé que pour Françoise Perrot, son épouse que pour Claude Créach et Félicité Guillou, cultivateur et meunier demeurant au moulin de Kerhoant aux clauses et conditions du cahier des charges. Ils déclarent devoir payer la dite somme dans un délai de six mois.

Joseph Créach                                                                                           Claude Créach

Le dit Claude Créach ci présent a déclaré accepter la dite acquisition pour moitié avec sa dite épouse.

Article second. Le lieu de Kerverot, en Plougoulm, acquis par Roland Quéau, meunier demeurant au moulin de Kerautret ou de l'Evêque.

Article troisième. Les bois taillis de Kerautret, en Plougoulm, mis à prix 2.000 F, enchères de 20 F, acquis par Joseph Créach pour la somme de 3.600 F aux même qualités que devant et pour le dit Claude Créach, son frère.

Joseph Créach                                                                                           Claude Créach

Les frères Créach laissèrent donc le meunier Guillaume Riou poursuivre son bail. Le 2 février 1839, Riou se marie avec Renée Le Déroff, née au moulin l'Evêque.

En 1841, alors que sévit une épidémie de Typhoïde, la population du moulin l'Evêque se compose comme suit : Guillaume Riou, meunier et sa femme Renée Le Déroff, ménagère. Ils ont un fils prénommé Jean-Marie. Jean et Gabriel Déroff sont meuniers. On compte encore Jeanne et Marie-Yvonne Déroff. Les six domestiques sont Jean Gad, Gilles Yurien (?), Ollivier Quéméneur, Elie Corre, Philippe Henry et Suzanne Corre2.

A Kerhoant, Joseph Créach mourut en décembre 1841 à 45 ans. Veuve, Françoise Perrot a neuf enfants à élever. Elle a le couteau sous la gorge. Pour acheter le moulin l'Evêque, la maison près de la chapelle Sainte-Anne, celle de Kerverrot et le bois de Kerautret, les deux frères Créach avaient dû s'endetter. Ils avaient emprunté 14.000 F le 3 avril 1838. Leurs créanciers sont Kernafflen de Kergos et Dame Barrère, propriétaires morlaisiens et Christophe Nédélec, charpentier de Cléder. Le terme du remboursement est fixé au 20 mars 1844. A la mort de son mari, Françoise et ses enfants ont hérité de la moitié de ces possessions. Elle ne peut pas payer. Alors, elle réunit le conseil de famille devant le juge de paix du canton. Là, elle expose sa «situation difficile et critique». La vente est considérée comme la seule solution pour lui «procurer un établissement nouveau qui lui permettrait d'élever sa nombreuse famille. » On discute de la proposition émise par le marquis de Lescoët. De Rennes, le riche propriétaire offre 22.960 F. Il s'engage en outre a signer pour la Saint-Michel de 1848 un bail de neuf ans pour que Françoise demeure à Kerautret. Il lui en coûtera 1.000 F l'an. Le bail du Moulin Merrot, «dont l'usine serait supprimée», est assuré aussi pour quatre ans. Enfin, Lescoët assure qu'en 1848 sera reconduit pour neuf ans le bail de Kerhoant au profit de Claude Créach. 3.000 F l'an.

La décision est prise. Elle a l'assentiment de Louis Le Déroff, tuteur d'Elie et Marie Créach, enfants du premier lit de feu Joseph Créach. Ainsi prirent fin les aspirations à la propriété privée de la famille Créach. Les Barbier de Lescoët vont rappeler qui étaient les maîtres sous l'ancien régime...

 

(A SUIVRE)

Notes


1 La propriété vient aussi de Julie Marie Rose Eon, aïeule maternelle de Dame Le Gobien.

2 Recensement de 1841, p. 113/120.

 

Date de dernière mise à jour : 10/05/2021

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