Cahier d'un étudiant breton

(extrait d'un manuscrit retrouvé dans le grenier de Vilin-Vraz)

Retranscrit par Laurent QUEVILLY.

A la fin de mai 1734, un jeune garçon de 17 ans trempa sa plume dans l'encrier. «Ce présent cayer appartient à moy, Charles Paul, résidant au lieu de Kergounan, paroisse de Plouvorn, étudiant présentement sous la discipline de Messire Guivarch, à Pen ar Feunteun, paroisse de Plouénan...». Régulièrement, l'élève se rendrait désormais chez son maître, François Guivarch, curé de Plouénan de 1692 à 1729. L'ecclésiastique vit retiré dans une vaste maison de caractère située en pleine campagne, entre Plouénan et Plouvorn.

Charles Paul acheva son manuscrit un an plus tard. Il possédait alors toutes les règles de calcul, savait trousser une lettre élégante face à n'importe quelle situation, connaissait toutes les formules administratives pour dresser un bail, un contrat de mariage, un inventaire après décès. Il avait établi aussi un lexique français-breton des mots usuels rencontrés dans la vie de tous les jours.

A l'époque ou Charles Paul étudiait, nous vivions alors depuis le début du siècle une sorte de petite ère glaciaire. Il faisait froid. Très froid. Au printemps, l'impétuosité des eaux était telle que les rivières rompaient parfois la digue des moulins. La Bretagne venait de connaître un épisode particulier de son histoire. Autour du marquis de Pontcallec, quelques gentilshommes avaient voulu soulever la province pour en défendre les droits. Pontcallec avait été décapité à Nantes. Et son exécution suscita une certaine émotion populaire. Si bien que le gouverneur de Bretagne fut limogé. La Bretagne de Charles Paul voyait alors son autonomie politique renforcée. Au grand dam de Paris.

Le recteur de Plouénan est alors Sébastien Château dont le ministère va de 1728 à 1740. Il mourra à 51 ans en 1741 alors qu'il vient d'être nommé recteur de Commana. On l'enterra à Plouénan.

Quelques années après ses études, le 31 juillet 1742, Charles Paul se maria à Plouénan avec Françoise Le Saout. On retrouvera plus tard le couple au manoir de Keroignant, en Plouvorn. Là, dans les années 1768, il allait perdre coup sur coup trois enfants tout juste mariés. Une épidémie, encore une, sévissait alors. Keroignant était une vaste demeure, avec sa chapelle et son moulin, situé sur l'Horn. La maison avait appartenu longtemps aux seigneurs de Kerounyan, puis, par union, aux Kergorlay. Ces deux familles, soucieuses du salut de leur âme, avaient fait montre de modestie. Dans son testament, Marie de Keroignant ordonna que ses obsèques soient célébrées «sans pompes et vanités mondaines». Malade, alité de longue date, Charles de Kergorlay refusa d'avance pour ses funérailles que soit dressée pour lui «aucune tente de noir ny de blanc, aimant mieulx que les deniers qui y pourroient être consommés soient employés à la nourriture et l'entretenement des pauvres». Puis, toujours par mariage, Keroignant passa aux Kersauzon.

Dans quel environnement vécut Charles Paul? L'enquête sur la mendicité commanditée par l'évêque du Léon en 1774 en donne un idée. Yves Péron est recteur de Plouvorn depuis trois ans. Sa paroisse compte alors un peu plus de 3000 âmes. Il écrit: «Nous venons d'achever l'inventaire des papiers et titres de nos archives et nous n'avons trouvé aucun établissement en faveur des pauvres. Il y a cependant dans ma paroisse 211 mendiants et il n'y a que cent familles capables de donner du soulagement aux pauvres. De tous ces mendiants, entre enfants et infirmes, il y a environ 50 capables de travailler. Je pense qu'à l'égard des autres, la fainéantise est la source de leur mendicité. Le lin est abondant à Plouvorn. On en récolte tous les ans environs 12 à 13 000 douzaines de lin1 et cependant tout ce lin est filé en Cornouaille. Si les femmes et les jeunes filles que nous voyons tous les jours mendier s'adonnoient à filer, elles retiendraient dans la paroisse de grandes sources d'argent et porteroient l'habitant à leur faire des charités manuelles. Pour ce qui est des garçons forts, ils pourroient ou aller en service ou devenir tisserands sans craindre que l'ouvrage leur manquât parce que les habitants aisés de la paroisse sont tous fabricants de toile et salarient le tisserand à proportion que les denrées sont plus ou moins chères. Je pense aussy que l'exécution des moyens que l'on avoit déjà pris pour supprimer la mendicité auroit du succés si on l'avoit continuée. Car la crainte d'être arrêté auroit engagé plusieurs à se livrer à l'ouvrage et les charités manuelles qui sont fortes ici auroient été insuffisantes pour l'entretien des infirmes et enfants pauvres. Voilà ce que j'ay observé à l'égard du local et état de ma paroisse...»

Charles Paul mourut à Keroignant le 4 août 1782. Il avait 65 ans.

Retrouvé dans un grenier de Saint-Pol-de-Léon, ce manuscrit compte 236 pages dont une dizaine, consacrées au calcul, ont été malheureusement arrachées. Au travers des matières abordées, c'est une leçon de choses sur la vie quotidienne dans le Léon du XVIIIe siècle. On s'amusera de l'énoncé des problèmes d'arithmétique. Nous vous souhaitons bon courage pour les résoudre. On découvrira aussi des mots disparus au travers du lexique français-breton entrepris par Charles Paul.

Nous ne reproduisons pas ici l'intégralité du manuscrit. Notamment les règles de calcul. En 1734, 1+1 faisaient déjà manifestement 2. Pour l'intérêt de la lecture, nous avons aussi quelque peu modifié la chronologie des leçons. Il nous a fallu aussi rectifier l'orthographe de certains mots français et n'en laisser que quelques uns dans leur forme ancienne pour garder la saveur du langage. Quant au breton, qu'il nous soit pardonné les éventuelles confusions entre quelques lettres de mots inconnus. A 17 ans, Charles Paul écrivait sous une dictée rapide et traçait ses N comme ses V, ses U.

 

Les verbes les plus communs dont on se sert à la campagne

Estre alerte: estre vigilant et prendre garde a soy

Cribler: osa ed. La criblure. osienadou (ed étant le blé, les céréales en général)

Venter: guentat

Herser la terre oguedal

Grossouer ou seranser Ranvat (Diviser la filasse du lin après séparation d'avec la chènevote)

Charroyer: charat

Charruer: arat

Un journal de terre: un deuez arat (Mesure correspondant à une journée de charrue)

Emousser un couteau: dilema eur gourtel

Affiler ou aiguiser: lema

Atteler les chevaux: staguer a lonet

Tistre. gueoc?

Ourdir stevi (Disposer sur l'outil approprié les fils de la chaîne de lin avant de la mettre sur le métier).

Faire le gueret. ober an aurec ( labourer une terre avant de l'ensemencer)

Pestir: marrat (travailler à la houe)

Egobuer ou faire des égobues: calsa

Clore et fermer les egobues closa casou

Framboyer ou fumer un champ: teillat

Faire framboy: ober teil

Lever la gerbe ou champart: Sevel ar champarz

La dime et les prémisses an deoc ac ar brinidi

Dimer deogui

faire la buée ober couez

Celancer: cribat

Déplier le lin a celancer terri lin da gribat

Fossoyer: cleuziat (entourer de fossés)

Une brèche de charrette. ode gar

Dégorger la charrue cazprenat

Guider les chevaux bleina

Dévider une fusée de fil en un chenau dibuna eur vergigat neud en eur gaden

Emonder ou élaguer les arbres descoultra guez

Faire délaissé et cession d'un lieu et convenant ober dilet d'eur plac a commanant

Pétrir la pâte mezatan tous

battre le beurre ribotat

Traire les vaches goro

écrêmer le lait. dunna laez

Ramoner une cheminée. Rimina ar chiminal

Cuire: poazad

Mettre en laisse un chien staga eur chi

Brayer: braeat (broyer le lin)

Pezeler: paluchat (paisseler, briser le lin).

Enfiler un chapelet cordenna eur chapelet

Enfiler une aiguille: Lacat neud er nadoz

Moissonner: couper le bled

Scier. midi

Recueillir, ramasser, faire la récolte. destam an ed

Amuloner. endram

Faire des gerbes. mandoci ober malanot

Scier du bois esquenat

De la sciure, bren esquen

Semer un champ: ada

Germer: diwan.

Epier: penaoui.

Un épi eur pen ed

Bêcher la terre: piguillat.

Une motte: moudeden.

Un gazon: moudeden glas.

Un mottillon: pouloudren.

Une cime. une petite branche

Tenir quelque chose en équilibre e contre poes

Ebouler renuesser à la parlant d'une fossé?

Sevrer un enfant, un petit veau: dizoun.

Mettre un enfant dans son maillot: mailluri.

S'apostumer parlant d'un clou. trei gor

Se vautrer dans la boue comme un pourceau: en em ruilla eur fanq evel eur pimoch.

Faire le pis parlant d'une vache ou jument. Deuezi

Empeser. ampesi

Pestiser. flatra

Rhabiller ou racommoder. accomodi endra bennac

Consentir et dissentir le contraire de dissentir

Suivre quelqu'un à la piste. heril eur re diouchoroudou

Flair parlant des chiens. choeza

Donner la nommée des parents Rei anu ar geurent

Appetisser. bianaad.

Agrandir. cresqui

Applanir. compezsa

Balayer ou housser sarba

Balayeur. Sembienadou

Hurler parlant des loups: indal.

Léguer. laisser par testament

Dégaucher le bois disvoura coat

Conroyer de bois Couveza

Coroyer parlant de cuir

Croutes du pain oter la croute digreuena

Rouer quelqu'un de coups, le bien battre.

Trouver étrange. caout querse

On trouve étrange: querse eo.

Saler: brutellat.

Tamiser: lamouezad

Semer un bruit: ada eur goant

Semer des discussions et la zizanie entre deux ou plusieurs personnes, battre la caisse par tous les carrefours d'une ville: sini an dabourin tro quear. Emban battre le tambour.

Inventaire ou recueil des noms des choses communes et des meubles dont on se sert dans une maison et d'autres choses très utiles

à scavoir et premier

Une crémaillère: dresen pot.

Un trépied.

Une platine: bladen

Un pot de fer du port de deux barattées d'eau: pot cofec

Une marmitte.

Une moyenne marmitte: eur chren pot.

Une anse: groumel pot

Un couvercle: golo pot.

Un bassin.

Un moyen bassin: cren vassin.

Un chaudron: Chadouroun.

Une poële à crêpe, crêpière, galetoire: pilic crampoez.

Une tournette: spanel

Une poële à frire, ou poële à queue: lostennec.

Un réchaud: brasoner

Un vaisselier: listrier pe unan da lacat ar steanach

Une escuelle

Une cuillère

Une fourchette

Une salière: saliner

Une nappe: touzier

Une serviette

Une assiette

Un plat d'étain: stean

Un couteau crochu: courtel gam

Une tasse d'argent

un goblet

Un verre

Une gondole: bagic da efa dour

Une chaise: cador

un escabeau: scaoun

Un bure: eur bang?

Une cruche à eau: pot dour

Un buis: eur broc

Une terrine: bodes

Une passoire d'airin: sil queur

Une gatte: scudel goro

Une bate de lait: ribot

Un quelorne

Un baillot ou une mue ou un mueau?

Une baratte

Un mais ou maye à pâte: laouer doaser.

Son tréteau: e starn ou ses tréteraux e squingnier

Un blateau ou un sas: bratel

U tamis: tamouez

Un crible: eur chrouer

Un gresle ou greslar: ridel

Une barique

Un robinet ou une pompe: tuellen

Un entonnoir du vin: enennouer

Un pressoir à faire du cidre: goasgouer gistr

Un barril à linette ou a mettre du vin

Des barreaux parlant de plusieurs ensemble

Un croq à peser: croq pouezer

Le quart de St-Paul: Penarenn Castel

Un quart comble: poezellat leun ou un boisseau

Un quartier: palefarz

une garcée gosreat?

Un dévidoir: eun estel

Une forme à dévider: fourn dibaneves

Un travonnez: traounviller

Un fusil

Un fust de fusil: coat fusuil

Un pistolet: pistolen

Un battoir ou padra: eur choluez

Une bouteille de gros verre: boutail guer teo

Une bouteille de cliu? cost

Une marre ou une beche: eun nar

Une païle

Un croq à fumier à trois doigts

Une fourche à fumier: forch squilleres

Une trenche

Un croq à sarcler: croq charnal?

Une serpe: dranget

Une faucille à bled: fals mell

Une queux: mean igolen

Un rateau de fer

Une fourche de fer: forch ouarn

Une tariere ou un terel: talar

Une scie: eun esquen

Une hache

Une coigniée: bouchal pen

Une lime: linn

Un compas

Une herminette ou un loloire: daladur

Un cyseau à planche: guisel blat

Un gouche: guisel gouch

Un nirebrequin: mouchet.

Un urille: guimelet

Un perarette: touter pengabou

Une foterette: cur vezil

Un valet: eur vatlet

Des mouchelltes à quart: rond a anter round

Un tiangle: eur squer

Un esquaire quarré: eur squer carré

Une guillaume

Le filleret

Un bouter

Des bandes

Les scies

Les moulures

Un coin: eur cin

Des cyseaux: eur guinsle?

Un agraphe: clochet ouch dillat

Une aiguille: nadoz

Un étuy des éguilles: clochet nadoziou

Un dez: nesguen

Une épingle

Une éguillette: aquilleten

Un lacet

Les tenailles: an durgues

Une masse: eun orz coat

Un marteau: eur porzol

Une enclume: eun anné

Une enclume avec son marteau: ar raziou guellat

Une faulx à fauches: eur falch

Un braye: eur vraé

Un pessele: paluchen

Une forme de pessele: eur fourm baluchen

Un mare: gouta

Une forme à charpentier: eun etabli

Une ruche: eur guest

Une ruche d'abeille: guestat venan?

Un essaim d'abeilles: eun ed guenan

Un peigne: eur grip

Un rasoir: eun auten

Une paire de cyseaux: eur sisail

Une aleix?: minauet

Un miroir: mellezour

Les outils pour l'aoust: an ostillou da eosti

Un fléau: ar freil

Un meroz? de fléau: frest freil?

Une cappe de fléau: pengap

Un couple de fléau

Une verge de fléau: eur voualin freil

Un roable ou un roseau: rosel

Un balay ou houssoir de bouleau balain bezo

Un rateau de bois

Une fourche de bois

Une eschelle: eur squel

Une herse: eun oguet

Un grossoir ou eransoir: ravel

Une forme de grossoir: eur fourn ravel

Une chaisne de fer: eur chaden ouarn

Une civière: eur chravaz

Une brouette: eur chravaz rodillec

Une pelle de bois: eur scob

Un bat avec les sangles: eur bac gand e unclou

Un sourdeau: souffles

Un bat à timon: bac limoun

Un bat à porter

Un sac ou une poche: sach

Une besace: bisach

Une claye à barres: clouet cler

Une claye à baguettes: clouet vizier

Les barres de la claye: cler clouet

Une clef: an alchoez

Un fanal ou une lanterne: letern

Une lampe: eur chreuseul

Une table ronde, pliante, ovame gir a round

La provision de viande: ar bourvision quic

Un garde viande ou un charnier: charnel

Un garde manger: armel leaz

Un coffre sapin, de divers bois vuide: goulou

Une armoire ou un presse à quatre battants à quatre stalaf?

Un lit clos avec son ciel: guele clos gand e cel

Un berceau, ou ber: eur chavell

Un tais: eun darbot

Les maillots ou langes: liannenou

Une couchette de lit

Une couchette de clice: guial

Un lit de rideaux: ridochou

Un lit à cour: an anter loar

Une huche ou un grenier du port de 12 quartiers

Une auge de pierre: laouer nean

Les pilons: an erzier

Un brancard: eur blaneurdou pour porter des reliques

Une charrette ferrée: carouarnet

Le dossier: an douar

Les lieures de charrette: liamou

Une mauvaise charrette: coz car

Une flaiche: eun arbalast

Une ciurette: eur glouet car

Les rateaux de charrette: ar chlouriennou car

Un essieu de charrette: eun ael car

Un moyeu de charrette: eur bendel

Les clinques; ar ruillennou

Les gonds: quibou

Les pertas: toullou ar guiberou

Les rays d'une roue: squiniou

Les jantes de roues: cameiou

Les bandes de fer: bandennou.

Un limon: eur chantel car.

Un limon ou un bras de charrette: eul limoun car

Le cerceuil de la charrette: ar gorziou gard an taliou

Une charrue ou araire: eun alar

Un soc avec le coutre: souch a countel court

Un égorgeur de charrue: eur chspren

Un porte de charrue: eur march alar

Les rouelles: ar chil orou

Les attelages ou les attirails: ar slernach

Les collets ou les colliers de chevaux: ar goueolliou.

Les harnois: ar sugellou

Un ais: eur barounen

Un linceul à venter: liar venteres

Une coette de balle: pel

Une coette de plume: golhet pleun

Un traversin ou un chaut de lit: plua?

Un drap de lit: eul liar

Un bergne: eur valin

Un tapis: eur pallen

Les draps mortuaires: liariou mortual

Un métier de tisserand: eur starnguiader

Un lame de tisserand: eul laon

Une navette de tisserand: eur unlsun

Un ansouble ou un rouleau de tisserand: ar poulier

Les templons tenant la toile bandée: ar charnaniou

Les peignes de tisserand: ar chaotisier

Le battant du métier: ar feas

Les mouches: ar morchou

La jumelle: ar gasec.

Un ourdoir: eur stevlach

Un chevalet: eux march canneler.

Des canelles: canellou

Un rouet: eur chas dibuner

Un ourdure: eur stennen

La tissure: an anmen

Une emme? eur mol

Une maison a deux estages: ti an zaou astag

Le parterre de la maison ou le plancher de la maison ou le sol: leur zi.

Une huissierie de pierre de taill: croas dor nean.

Une huissierie de bois: croas dor goat.

La maison manale: an ti annez.

La maison du métier: an ti starn

Une cache table: eur bouteis taol

Un appentis contre une maison, au dessus d'une montée ou d'un degré: an doen a ziouch eun deler.

Au auvent ou un dais au dessus d'une boutique: an doen a ziouch, eur stal equear.

Une lucarne: eun lucan pe brenestr en doen

Une chambre

Une grange ou une barraque ou une logette.

Une étable à vaches, à bœufs, à brebis, à cochons ou à chevaux: craou saout, pe agennet, pe zenet, pe voch, pe qusec.

Une escurie: merechaucy.

Une crèche ou soue à chochons: craou moch.

La maison à buanderie ou la buandière: candi.

Les filières: lissennou.

Les chevrons: quipiou

Les lattes: goulazou.

Des clous, des lattes: tachou goulaz.

Un sommier ou un poutre: eun treust.

Les palatres, les bois au dessus des portes et des fenestres: ar choat a ziouch ar doroiou a prenestrou.

Les fermes ou les montants: coublou cam.

Les sablières, les pièces de bois sur les murailles pour sourenir le chevrons: sablezennou da souten ar chipiou var ar voquer.

Le faiteau: an nein

Un huis ou le battant de la porte: an or.

Un huis, le battant de la fenestre: eus stalaf brenestr.

Le seuil de la porte ou le linteau d'en bas: treusou.

Le linteau d'en haut.

Les jambages, pieds droits montant de chaque costé.

Le portereau ou le guichet: ar vichet.

Le gond: ar vuduren ou le pivot.

un verrou: eur votail.

Une crouille: eur pren.

Un loquet: eul liquel.

Un tenant: eur strapen.

Un fourneau: eur fournier.

Le dossier: ar mean fournier.

Les corbeaux de la cheminée, les bois soutenant le manteau, les jambages de la cheminée, les pieds droits montant de chaque côté de la cheminée pour soutenir le manteau.

Les organeaux ou fenestres dans la cheminée: prenestr.

Un montée ou un degré: an deler.

Un cren ou créneau avec son ratelier: mangoues gat rastel.

Un séchoir de viande: sechour quic.

Un fer à détirer les lingeries: eur fer da ferat lingeri.

Un métier à tisserand avec les apparaux ou ustensiles: ostillou

De fil blanc de reparon: leien d'estoupe.

Du lin peigné oucélancé: lin cribet.

Du lin broyé en baton: du strechenna.

De l'arrache ou malteau ou dégressé: calast.

Une poupée de filasse ou une torchée de lin.

Du lin cour ou de coursay: berradou.

Une pellée du lin: pouezaden lin.

Une quenouille: eur gueiel.

Une chambrière: staguel.

Un fuseau de bois: eur versit beguec.

Un fuseau à pointe de fer: eur vervit gad einein.

Une tye: eun inquin.

Un peigne à lin ou un célancé: eur gribin.

Un beurrier de bois ou des escuelles closes: eur glosen.

Des planches et des limantes: plenquing a barrigner.

Des cropiaux: aseloct.

De la scieure: bren esquen.

De l'crune? dienn.

De la tournure: tro.

De la pâte: toas.

Du levain: guell.

De la farine: bleud.

Du son: brenn.

Un moulin.

La mouture: ar val.

La moutte: malevez. Le droit de moutte: ar guir vala.

Des émondures d'avoines: huissien.

Une meule de moulin: mean milin.

La chaussée: eur charisser.

La palude: moquisar chausser.

Le canal: ar chann.

Une écluse: eur ranvel.

Les chèvretières: ar chas canniou.

Les prétaux soutenant la civière.

La trémie: ar guern.

La petite trémie: alouer vian.

La prise de grain: ar gobr.

Le traquet ou la cliquette: ar ganel.

L'auge à farine et son guichet: al alvan pe laouer ar bleud.

Un cheval nain amble: aquenée bide qui va le trot.

Un cheval timonier: march limoun.

Un cheval ongre ou chatré: spaz.

Un haridelle ou maigre: treut.

Un poulain. Une jument ou une cavale: casec.

Une pouliche: eun beules.

Un bœuf: eur gen.

Un taureau ou taurillon.

Une vache et un petit veau à sa suite: ouchezeul.

Une génisse: eun ounner.

Un veau d'un an: eun ounner aloaz.

Une truye: eur vis.

Un porc: eur prochel.

Un cochon ou un petit goret: pemochic leaz.

Un coq et sa crette: e gribel.

Une poule ou une géline.

La graine de lin: alte? ad lin.

De la gousse ou de galia: bolch.

La semence du lin: ar gounidegues lin.

De froment guinis en herbe: en iout

Des balles de bled: pell

De gros bled ou mistillon: brasset.

De seigle fromenté: segal viniz

De l'avoine: queveh

De l'orge eis, étanche: stanc, claire: rouez.

De panais, une planche de panais: penguen panes.

De navets: irvin.

De la vesce: bech.

De pois: pis.

De la pourlais: pour

De choux de pomme: caol poume.

Les jardinages.

De chanvre: canap.

Une couverture ou un toit: eun doen.

Une ardoise: mean squeltr.

De glez: soul.

De genêts: balan.

De glegez: raosdy.

Une couverture de chaume: eun doen golo.

Une chaumière: eun ti poloet agolo.

Un sceau: eur sail.

Un puits: eur punc.

Une poulie: eur poule.

Une bascule ou une cigogne: eur vintes.

Une aire: eul leur.

Une cour: eur porz.

Un close: eur chlos.

Un nause: eur charden.

Un four avec sa maison une paille: four infourn.

Une fournée de pain: fournial vara.

La cuisson: ar poazerez.

Le bûcher: toul ar guerneudec.

Un treillis: eun dreil.

Un pré à fil.

Un champ: eur parc.

Un sillon: eun era.

Une raie: eun ant.

Des sillières, ou des courts sillons, ou des courses ou bergou: besquillou.

Des traverses: talarou.

Un courtil: eul liorz.

Une garesne: eur voarm.

Le fumier: ar bern teil.

De l'emordite ou de l'entemur: dour avouez.

De l'eau boueuse, croupie ou pourrie: dour fanc, brein.

Un mulon de paille: eur bern colo.

Un somme de bled: eur sam ed.

Le foin.

Le fenil: ar faennery.

De l'herbe: geot.

Le pasturage ou l'engrais: ar peuri..

Une haie: eur charz.

Un quay: eur chaé.

Du goémon: bizin.

De gros sable ou de tangra?: merl.

Un escalier: eur scalier vean.

Un eschalier: eur scalier coat.

Des erres: erres.

Un écheveau de fil: eur guden neud.

Le parfléau: ar beurzourn.

Un cercueil ou une bière: eun archet.

Un tombeau ou un sépulcre: bez.

Un enterrement ou une sépulture ou une inhumation: enterrer, inhumer ou

donner la sépulture à un mort: enterri.

Le convoy d'un mort: an duit a gaoun.

Faire les funérailles de quelqu'un: ober officou.

Le deuil: ar chaoun..

Porter le deuil: douguer quaoun.

Un habit de deuil ou habillé de deuil.

Le son funèbre de la cloche: son glas.

Faire l'oraison funèbre de quelqu'un: ober peder undermes.

Le mortuaire: ar nar scaoun.

Les trampes: temprou.

Suite de trempes: eil dempor.

Bois, stuits, chauffages, genêts, landes, fougèrez, , ronces et bruyère, tout coupés qu'à couper tant sur les prats de terre que sur les fossés.

Les fumiers tant ramassés qu'à ramasser.

Les émondes ou émondures des arbres: discoultrou.

Une seule coupée des émondes des arbres pendant le cours du bail à ferme: eun trouch epquen a ziscoultroaguez epat ar ret deux a eul liezr ferm.

Les souches et tiges: souchennou.

Une motte: eun doun.

Un turon: eun toreleuz.

Un éboulement d'un fossé: eun aladen cleuz.

Un terrain: eur franchisen pe chlasen.

Une cavale inconnue d'âge en poil noir: eun ouseroat.

Un bail à ferme.

Une clissoire: scinguel.

Une cliquette: straquel. (Traquet de moulin. C'est le morceau de bois qui passe sous la trémie pour faire tomber le blé sous la meule.)

Une carcasse ou un squelette: corps sans peau et chair.

Un homme chauve qui à la tête dégarnie de cheveux: larnal.

De la suie: euzil.

Du suif: soa.

De la cire: coar.

De la salive: alo.

De la bave: glaour.

Baveuse: glaurec.

Du crachat: cranch.

De la lessive: lichou.

De la cherée: stloach.

De la morve: mechic.

Morveux.

De l'esculme: ion noar an douat.

Frères jumeaux d'une meme portée.

L'écorce d'un arbre: erochen.

Le haut bour: guignen.

De la sève: l'eau qui sort d'un arbre.

Une ruade: ruaden.

Une aiguillée de fil: nadozat neud.

Un clou: eun esquet. Apostumé: goret.

Un foyer ou un âtre: aolet.

Un pain de graisse, ou penlouin, ou de la graisse umée: bloneguen, estant fondue, du saint doux.

Une vessie: sorocha.

Une trique de fagot: triquen baz.

Le tetain: ar uvon.

L'arrache: toguen.

Un égoût ou une gouttière: can da decarle an dour dinevan doen.

Un ruisseau: eur chan er prat.

Un aqueduc: can coat.

Fin tano, parlant du papier..

Terbe, parlant du pain.

Les ergots aux pieds, ongles de derrières: gouriainou.

De cotuau boquet brulu.

Des molesnes delliou brulu.

Jusqu'à la concurrence de la somme bet e a red deus ar som.

Fieff proche et lige: dalch losta.

Le domaine congéable et répartable: guir ugestreged.

Lodes et ventes, la huitième partie de la somme que coûte une terre et qui se paie au seigneur du fieff.

Droit de chambellinage: guir da zisquez al lizerou promordial pe contrat prenadurez eux a leré.

Glem jouxte arb

Lodes, ce que l'on donne à un seigneur pour une terre foudale qu'on a achetée.

Domaine, droit de propriété.

Une vache cuillée alet qui porte veau quule qui fait son pid: deuezi/.

Un pis: tez.

Une cavale pleine: quenofs, poulinée: troet.

Un brûlis ou un incendie: tangoall.

Un ligneur: lignenen.

De la poix: pec.

Un nain qui ne peut se tenir ny des jambes ny pieds:.

Avoine émondée: diruse.

De gruau: brinen.

Une meule à aiguiser: brolum.

Un poids: eur besen.

Des arcades: pillierou mean en ilis.

Des anilles: flachou.

De l'art de rédiger les lettres

Charles Paul apprit de son maître les meilleures formules pour débuter et conclure une lettre à l'adresse d'un «homme distingué, noble ou roturier». Le premier exercice consista à présenter des excuses au recteur de Plouenan au sujet d'un voyage.

Monsieur,

C'est pour vous rendre mes très humbles respects et pour vous faire bien des excuses du voyage que je fis l'autre jour à... pour prier M... de venir à ... pour parler à une personne qui ne pouvoit pas aller le trouver que je me donne l'honneur de vous escrire la présente. M... me pria de faire cette commission ne me dit pas davantage ainsy je n'avois garde d'appercevoir cette démarche comme une action que l'on pust blâmer dans la suite estant bien persuadé du grand respect qu'il a pour vous et qu'il ne m'auroit pas fait cela s'il avoit crû qu'elle dust faire de la peine non seulement à vostre personne mais mesme au dernier de nos paroissiens, je vous prie s'il vous plait du moins, de vouloir bien m'excuser selon vostre bonté ordinaire si j'ay eû quelque tort en cette action moy qui ne scavoit de quoy il s'agissait et si j'avois sû que cela vous auroit déplû en quelque manière que ce soit, je ne l'auroit jamais fait. Soyez bien persuadé que je suis bien mortifié d'entendre que cela vous fait de la peine puisqu'il est vray que personne ne souhaite plus que moy de vous marquer par quelque endroit sensible l'affection et le respect que j'ay pour votre personne. Permettez s'il vous plait que je me recommande à vostre bonnes prières. Croyez moy très sincèrement que je me souviens et souviendrais de vous dans les miennes toutes indignes qu'elles soient auprès de dieu pour le prier de vous conserver en parfaite santé qu'il m'est plus cher que personne au monde j'espère donc que vous continuerez toujours votre bon naturel à mon égard c'est la grâce que j'espère de vostre bonté et c'est celuy quisuit et seray toujours d'un très profond respect et d'une cœur très soumis.

Monsieur

Vostre très humble et très obéissant serviteur Charles Paul

A penarfeutneurn, ce jour 3iesme may 1734

Mr si j'osois prendre la liberté de saluer monsieur vostre père je le feray avec bien du plaisir mais j'espère que les raisons que j'ay de luy faire toutes sortes de bons souhaits me feront conserver pour vous et pour luyi tout la reconnaissance dont je suis capable.

L'adresse

A monsieur

monsieur chateau sieur recteur de la paroisse de Plouenan a son manoir presbyteral à Plouenan.

Autre lettre

Monsieur et très cher ami

Après vous avoir rendu mes très humbles respects je me donne la liberté de vous écrire ces lignes pour vous demander la continuation de nostre amitié dans lequelle je crois avoir l'honneur de prendre part et en mesme temps pour m'informer de l'estat de vostre santé, pour la mienne est toujours bonne et parfaite grâce au seigneur et je souhaite qu'ainsy soit la vostre. Je vous fais scavoir que etc. Je vous prie de vouloir bien m'escrire plus souvent car vous ne pouriez me rendre aucun plaisir plus sensible que de me faire scavoir de vos nouvelles de temps en temps. Soyez très persuadé que je n'ay rien tant à cœur que d'entendre de vos nouvelles. J'épouse vos intérêts comme les miens propres ainsy j'espère que j'obtiendray très facilement cette grâce de votre bonté et c'est celuy qui suis et seray toujours d'une parfaite affection et d'un cœur très soumis et respectueusement

Monsieur et cher ami

vostre très humble et très obéissant serviteur, Charles Paul

A penarfeunteun, ce jour 31 esme may 1734

Je vous prie d'avoir la bonté s'il vous plait de faire mes baisers mains à tel et tel.

La présente soit rendue à honorable homme... résidant au lieu de... paroisse de Plouénan

à Plouenan

Autre lettre pour souhaiter la bonne année

Mon cher

Je me donne la liberté de vous escrire pour vous assurer de mes très humbles respects et pour vous demander la continuation de vostre amitié dans lequelle je vrois aoir l'honneur d'avoir part et en mesme temps pour avoir l'honneur de vous souhaiter une bonne et heureuse année acommpgnée de plusieurs autres avec l'accomplissement de tous vos souhaits et un heureux succès dans toutes votres entreprises et la gloire éternelle à la fin de vos jours. je vous demande seulement pour estrenne une petite pafrt dans cotre estime ce sera le véritable moyen d'obliger celui qui suis et seray toujours très respectueusement...

La Rithmétique

Quand Charles appris l'arithmétique, sa première leçon porta sur «la manière scavoir et connoistre la valeur de chaque lettre dans le chiffre». Alors il traça un nombre interminable:

i 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Puis, sous chacun de ces signes, à commencer par le dernier, il indiqua sa valeur en toutes lettres: «nombre, dixaine, centaine, mille, dixaine de mille, million, dixaine de millions, centaine de millions, milliard, dixaine de milliards, centaine de milliards, millier, dixaine de millier...» Jusqu'au i qui était la façon d'écrire le chiffre 1. Ce i valait pour lui «une centaine de milliers».

Puis, il s'arrêta là pour cette première journée. Dans les jours qui suivirent, il allait apprendre les différents types d'opérations. Vinrent d'abord les règles de l'addition. Puis le premier exercice pratique avec de la monnaie. Sachant qu'il faut trois livres pour faire un écu, que la livre contient 20 sols, que le sol vaut 12 deniers, à vous tout le plaisir...

 

12 deniers = 1 sol

20 sols = 1 livre

3 livres = 1 écu

 

1 - Je vendis samedy dernier à Morlaix du fil blanc pour la somme de 345 livres et de fil crû pour la somme de 58 livres et la toile crûe pour 8 livres et du lin pour 16 livres et je veux scavoir combien je les ay tout vendu...

2 - Je fus l'autre jour à la foire haute et j'ay achettay un cheval pour me porter qui coustat 254 livres et de plus j'achettat du fil blanc pour la somme de 487 livres et du fil crû pour la somme de 576 livres. Je pris aussi des draps pour faire un habit, manteau, juste au corps, veste et culotte pour la somme de 677 livres. Je veux scavoir combien me coûte le tout.

La leçon se complique. On va cette fois additionner des livres et des sols. Rappelons que 20 sols font une livre. Lors de l'addition, il faut donc convertir les sols en livre et le résultat ne fera jamais apparaître un nombre supérieur à 19 sols. Exemple de résultat: 3 livres, 17 sols et non 2 livres et 37 sols. A vous de jouer...

3 - Un marchand a acheté du fil crû de deux filotiers. Du premier, il a acheté pour la somme de 185 livres 15 sols et du second pour la somme de 245 livres 18 sols. Je demande à combien montent ces deux sommes ensemble.

Plus compliqué encore: l'addition des livres, sols et deniers.

4 - Un marchand a acheté du fil de trois différents filotiers. De l'un, il a acheté 48 poids, d'un autre, il a pris 62 poids et du troisiesme 30 poids. Je demande combien des poids font le tout...

5 - Du premier, il a acheté pour la somme de 136 livres et 15 sols, du second 744 livres 00 sols 9 deniers. Du troisième pour la somme de 450 livres 00 sols. Je demande de combien monte le tout...

6 - Mardy dernier, je fus à St-Paul acheter de la chandelle pour la somme de 3 livres 14 sols 3 deniers et la viande pour la somme de 4 livres 15 sols et 5 deniers et des bleds pour la somme de 5 livres 18 sols 10 deniers et en beurre j'ay mis 7 livres 13 sols 11 deniers et je veux scavoir combien j'ay dépensé en tout...

Charles Paul savait maintenant additionner écus, livres, sols et deniers. Il en était fini des additions. On passa aux soustractions.

7 - Un acte fait en l'année 1600 et une maison en l'année 1588 et une croix en l'année 1560 et nous sommes en l'année 1734. Combien il y a que cet acte, cette maison et cette croix sont faits.

8 - Le bienheureux Vincent de Paul fust nay en l'année 1576 et nous sommes en l'année 1734 et je veux scavoir combien de temps il y a qu'il est nay.

9 - On fait d'un régiment contenant 1703 hommes un détachement de sept compagnies qui contiennent en tout 547 hommes pour aller au secours d'une ville assiégée. Je demande combien il restera d'hommes au susdit régiment après avoir fait ce détachement.

10 - Un homme d'affaire a eu de son seigneur pour prendre la provision la somme de 145 livres 14 sols et 8 deniers et il a dépensé premièrement en bleds pour la somme de 44 livres 10 sols et 10 deniers, en viande la somme de 16 livres 4 sols 5 deniers et en chandelle la somme de 4 livres 15 sols et 6 deniers et en poisson la somme de 9 livres et en gruau la somme de 2 livres 15 sols et 3 deniers il veut scavoir de combien il est redevant à sont maistre ou son maistre à luy.

11 - Un père s'est promis et s'est obligé de donner en dot à un de ses enfants la somme de 2.653 livres 8 sols et 4 deniers et luy a payé le jour des nopces la somme de 1.545 livres 15 sols 6 deniers. Je demande combien il luy reste encore à payer.

12 - Un de mes fermiers me pait par an la somme de 175 livres 00 sol 0 denier et je n'ay reçu que celle de 154 livres 10 sols 4 deniers et je veux scavoir combien il luy reste à payer pour le restant sur sa quittance...

13 - Mon beau-frère et moy sommes par moitié sur nostre ménage et nous sommes tenus de bourser alternativement de l'argent pour l'entretenir par moitié aussy, or j'ai dépensé premièrement l'autre jour 10 sols 15 livres 5 deniers pour acheter du goémon et I livre 18 sols 3 deniers en grais de plus plus j'ai déboursé de l'argent pour payer les ouvriers ou journaliers 4 livres 17 soles 4 deniers et acheté des attirails et des cordes, dans sangles et sourdaux pour 5 livres 18 sols 7 deniers. Et mon beau-frère a payé 9 livres 18 sols 5 deniers pour le tengre et 6 livres 16 sols 4 deniers pour sarcler le lin et a acheté un seau, un baillot et une baratte pour 4 livres 17 sols 8 deniers et payé 6 livres pour donner le cheval entier aux vacales et 18 livres 18 sols 9 denier à des filleuses et 25 livres pour blanchir le fil et je sais combien nous avons tous deux dépensés et de combien je luy suis redevant.

14 - Un fabrique se charge de 378 livres 15 sols 4 deniers en offrandes en argent seulement pendant l'année qu'il a estoit en chage et on a vendu de plus le fil tant blanc que crû la somme de 576 livres 18 sols 7 deniers et le lin 84 livres 17 sols 8 deniers et le bleds 156 livres 19 sols 5 deniers. Or il a dépensé seulement tant pour les cierges pendant l'année, l'encens et le pain à bénir que pour de l'huile pour la lampe et les cloches et des cordes a lin pour la somme de 377 livres 14 sols 4 deniers. De plus, il a acheté une bannière neufve qui couste 2.545 livres et une croix et des chandeliers pour mettre sur le maistre autel qui coustent 365 livres et fait faire dorer trois calices et trois patenes qui coustent 87 livres 18 sols 5 deniers et achetté trois chasubles et trois étoles et trois dalmatiques et trois chappes et trois aubes et trois muits de toile la plus fine qui coustent tous ensemble la somme de 9.787 livres 17 sols et il veut savoir à combien monte sa charge et sa décharge pour scavoir s'il est redevant à l'église ou l'église à luy.

15 - Un marchand a sur luy la somme de 5.869 écus 15 sols 6 deniers pour aller à la foire de la Martire et il a acheté trois différentes sortes de marchandises et la première sort il a employé la somme de 352 écus en la seconde sorte 1.150 écus 50 sols 9 deniers et en la troisième sorte 89 écus et je demande combien luy ont cousté ces trois sortes de marchandiseset combien luy doit rester.

16 - Un homme âgé de 76 ans 7 mois 15 jours 4 heures et 3 quarts 15 minutes et un autre âgé de 57 ans 8 mois 17 jours 5 heures et 2 quarts 12 minutes. Je demande combient il y a d'ans, jours, heures, quart heure et minutes entre les deux.

On passa ensuite aux règles de la multiplication. Puis aux exercices. Morceaux choisis...

17 - Une paroisse est rangée en quelque lande pour passer en revue qui est disposée en 25 rangs et en chaque rang il y a 43 hommes. On demande combien il y a d'hommes contenus dans les 25 rangs.

18 - L'on tient qu'il y a de Morlaix à Paris 117 lieues. Je demande compbien il y a de pas à raison que la lieue contient 3000 pas.

19 - Un père de famille ou fermier a eu au temps de la moisson 700 mulons de bleds à raison que le mulon contient 13 gerbes on demande combien il ya de gerbes dans ces 700 mulons.

Il restait à étudier la division «à la françoise», les règles, les exercice...

20 - Deux héritiers ou autres personnes ont partager entre eux la somme de 9.573 livres 13 sols 6 deniers. On demande combien il en revient à chacun d'eux.

21 Un marchand a vendu une piesce de toile contenant 100 aulnes 36 écus 45 sols. or, il veut scavoir combien il revient sur l'aulne pour estre payé d'une aulne d'aulnage qui s'est trouvée sur la susdite piesce de toile.

22 Un bon vivant qui a 458 écus 30 sols 6 deniers de rente par an, combien peut-il dépenser par jour.

23 - Un marchand de fil a fait aller à l'eau 9.684 livres de fil crû pour blanchir. On demande combien il y a de poids en ces 9.684 livres. On suppose que 13 livres font un poids...

24 - A 215 livres le tonneau de vin, combien revient-il sur la barrique. on suppose qu'un tonneau contient 4 barriques...

25 - Un colonel ou commandant a reçu de la banque du roy pour distribuer également à 25 compagnies qu'il commande la somme de 8679 d'écus.

Les leçons se poursuivirent par la manière de réduire les livres d'argent en écus, les écus en sols etc. Là, les choses se compliquent vraiment . La conversion des deniers en sols est un véritable casse-tête. Cinq deniers, par exemple, c'est, en valeur, le quart plus le sixième d'un sol. Pour convertir (réduire dit Charles Paul) les sols en livre, mêmes calculs. On sols, par exemple, c'est le quart plus le cinquième plus le dixième d'une livre. Les exercices se poursuivent...

26 - Un certain quidam allant par un grand chemin a trouvé une bonne boursée d'or et d'argent dans laquelle il y avoit 25 louys d'or valant chacun 8 écus et 200 pièces de 6 livres et 65 pièces de 3 livres et 20 pièces de 24 sols et trente pièces de 2 sols et veut savoir combien tant en or que argent.

Annexe

A quelque trois kilomètres au nord-est du bourg de Plouvorn, Charles Paul vécut au manoir de Keroignant. On l'appelait aussi jadis Keronyant et cette maison a toute une histoire.

En 1426, on vérifia la noblesse des sujets du Duc de Bretagne qui échappaient à l'impôt. A Plouvorn, Guyon Kerroignant est recensé comme ayant pour métayer Yvon Lanarun. Guyon possède le manoir de Keroignant mais aussi celui de Traolen. Son fils aîné est marié à la fille d'Hervé Le Ny et le couple vit au manoir de Mesoredou. Au manoir du Rusquec vit Noël de Kerroignant.

Jean de Keroignant, seigneur dudit lieu, est présent à une revue militaire en 1443. Son blason est «d'azur au gantelet de fauconnier d'argent mis en pal».

En 1461, c'est Hervé Keroignant, «cajuteur de son père Jehan» qui est convoqué à Lesneven en qualité d'archer à deux chevaux. Guyon de Keroignant le représente.

En 1481, Jean de Keronyan est la deuxième fortune de Plouvorn. 80 livres de rente. Lors d'une nouvelle montre, son fils Hervé le supplée. Sieur de Trazoulen, Hervé est archer en brigandine à deux chevaux. Sa fille mineure, 20 livres de rente, est représentée à cette revue militaire par Yvon Cloarec. Enfin, Guyon Keroignant affiche 100 sols de revenus.

En 1503, Olivier de Keronyant a une bonne excuse pour ne pas se présenter à la montre de Lesneven. Il est alors attaché à la maison du chancelier de Bretagne. Olivier eut un fils nommé François, vivant en 1546. On note aussi une Marie de Keroignant, dame du dit lieu, épouse du seigneur du Cludon. Le 22 novembre 1530, elle rédige son testament dans sa maison de Morlaix et demande à être enterrée en l'église de Plouvorn près du feu seigneur son père. Elle demanda que ses obèques soient célébrées « sans pompes ni vanités mondaines ». Son cœur fut transféré dans un caveau de l'église de Plougonven où reposait son mari.

Copyright Laurent QUEVILLY.

1 La douzaine de lin pèse près de 24 kg.

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Commentaires

  • Bordais-Fraval (dame Burel) Roselyne

    1 Bordais-Fraval (dame Burel) Roselyne Le 17/11/2021

    Bonjour, Article très intéressant, notamment sur Plouénan. Cela va m'aider à poursuivre le classement des archives de ma belle-famille non noble, qui depuis 1780 en mode matrimoniale est toujours présente en 2021, dans le même ferme C.V. (patronymes Calvez, Le Sann (ou Sann), Caroff, Le Saout, Burel...).

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